Le numéro deux du gouvernement russe, Igor Chouvalov, a jugé vendredi la situation économique du pays plus difficile que lors de la crise de 2008-2009, tout en estimant que les sanctions liées à la crise ukrainienne permettraient d'accélérer l'adoption de réformes structurelles.
"Il n'y a rien de bon dans la situation actuelle, elle est très difficile, je pense qu'elle va encore s'aggraver", a estimé le premier vice-Premier ministre au cours d'un débat consacré à l'économie russe lors du forum économique de Davos.
"Les manifestations extérieures (de la crise, ndlr) que nous observons sont plus faibles qu'en 2008-2009, mais ce n'est qu'en apparence", a-t-il observé.
"En réalité, en terme d'ampleur et de complexité, il me semble que nous traversons depuis un an une crise plus durable et plus difficile", a-t-il poursuivi.
La Russie avait subi en 2009, en raison de la crise financière mondiale, une contraction de 7,9% de son produit intérieur brut mais avait dès 2010 renoué avec une croissance de 4%.
Pour 2015, conséquence des sanctions économiques occidentales liées à la crise ukrainienne et de la chute des cours du pétrole, première source de revenus pour la Russie, les autorités prévoient une récession qui pourrait atteindre 5% si l'or noir reste aux niveaux actuels.
Elles ont déjà prévenu qu'une reprise ne reviendrait pas avant 2017 et que le pays devrait s'attendre à des années de croissance très faible, le modèle de croissance reposant sur des prix élevés du pétrole étant épuisé.
Alors que les autorités russes évoquent depuis des années la nécessité de réduire la dépendance de l'économie russe aux hydrocarbures, Igor Chouvalov a cependant estimé que la confrontation avec les Occidentaux donnait une bonne occasion de mener des réformes structurelles.
"S'il n'y avait pas eu cette crise en Ukraine (…) la situation aurait été plus dure, parce que les gens considèrent les sanctions comme une attaque contre la Russie", a-t-il expliqué.
"Cette consolidation (de l'opinion, ndlr) et ces conditions difficiles constituent une bonne base pour mener les réformes", a-t-il poursuivi.
L'ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine, proche des milieux libéraux, a cependant estimé que les sanctions jouaient un "rôle important" dans les difficultés de la Russie. Il a prédit pour cette année des fuites de capitaux pouvant atteindre 100 milliards de dollars, après un record l'an dernier pour la Russie post-soviétique à plus de 150 milliards de dollars.
M. Chouvalov a alors reconnu que les sanctions étaient "destructrices" mais estimé que la Russie devait tenter d'en tirer des avantages dans la mesure où elles étaient en vigueur.