La Bourse de Paris a vécu une séance catastrophique jeudi, affolée par les signes toujours plus évidents d'un ralentissement économique aux Etats-Unis et le secteur bancaire a plongé, victime de vives inquiétudes sur sa capacité à se financer.
Après une ouverture en baisse de 1,15%, le CAC 40 n'a cessé de creuser ses pertes au long de la journée, perdant jusqu'à 6% en séance. A la clôture, l'indice parisien a lâché 5,48% à 3.076,04 points.
Le volume d'échanges, de 4,586 milliards d'euros, a été étoffé en ce mois estival, signe de la nervosité extrême des investisseurs.
La dégringolade a été identique sur l'ensemble des places européennes. Francfort a dévissé de 5,82%, sa plus forte chute journalière depuis novembre 2008, Londres de 4,49%, Milan de 6,15% et Madrid de 4,70%.
A Paris, "on a encore vécu une séance folle. C'est une véritable capitulation, aucun secteur n'a été épargné même si les bancaires ont énormément souffert", commente Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
Le marché a accusé le coup après une série de statistiques américaines beaucoup plus faibles que prévu, ravivant les inquiétudes sur l'essoufflement de la première économie mondiale.
Les ventes de logements anciens ont rechuté lourdement en juillet et l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (Nord-Est des Etats-Unis) s'est effondrée en d'août.
Pour les économistes d'ING, de tels indicateurs "donnent pas mal d'excuses pour céder à la panique".
Les investisseurs ont aussi peu apprécié que la banque américaine Morgan Stanley abaissent ses prévisions de croissance mondiale. Elle table désormais sur une croissance de 3,9% en 2011 contre 4,2% auparavant et de 3,8% en 2012 contre 4,5% jusqu'à présent.
Le secteur financier, qui représente 20% de l'indice CAC 40, a dégringolé, Société Générale dévissant de 12,34% à 21,60 euros, Crédit Agricole de 7,29% à 6,23 euros, et BNP Paribas de 6,76% à 34,21 euros.
Il a été affecté par les craintes, rapportées par le Wall Street Journal de jeudi, de la Réserve fédérale américaine.
L'institut monétaire s'inquiète de la capacité des filiales aux Etats-Unis de banques européennes à maintenir un niveau adéquat de liquidité, au cas où leurs maisons mères seraient contraintes à rapatrier brutalement des capitaux, selon le quotidien.
"Cela remet au premier plan les déclarations très inquiétantes tenues récemment par le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, et qui étaient clairement passées inaperçues auprès des investisseurs", commente Alexandre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque.
La BCE avait annoncé le 4 août qu'elle allait venir en aide aux banques, en mettant à leur disposition des liquidités supplémentaires.
L'institut monétaire avait déjà procédé à ce type d'opérations pour faire face à la crise mondiale, mais elle y avait mis un terme fin 2009.
La banque centrale a également indiqué dans la nuit de mercredi à jeudi avoir pour la première fois depuis février accordé un prêt, de 500 millions de dollars pour 7 jours, à une banque européenne, ce qui ravive les doutes des investisseurs sur la capacité de financement du secteur.
Cette dégringolade des valeurs bancaires est d'autant plus préoccupante que les ventes à découvert - une pratique hautement spéculative - sur ces titres ont été interdites temporairement en France et dans d'autres pays en Europe.
Les valeurs cycliques, particulièrement sensibles à la conjoncture, ont également énormément souffert. Peugeot a abandonné 9,06% à 19,18 euros, Renault 7,95% à 26,68 euros, Alcatel-Lucent 8,81% à 2,39 euros et STMicroelectronics 9,14% à 4,28 euros.