PARIS (Reuters) - Le président du haut-conseil de financement la Sécurité sociale, Dominique Libault, doit remettre mercredi à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, son rapport sur la dépendance, immense chantier qui doit faire l'objet d'une réforme fin 2019.
Le rapport, élaboré à l'issue de quatre mois de concertation, émet une série de propositions visant à améliorer la prise en charge des personnes en perte d'autonomie dont le nombre doit doubler en 2050 pour arriver à 2,2 millions.
Le texte prévoit une réorganisation du secteur pour qu'il gagne en lisibilité et accessibilité, veut renforcer l'attractivité des métiers liés au grand âge, veut faire de la prévention une priorité et révise la structure de financement.
Les précisions sur ces mesures seront annoncées en fin de matinée lors de la remise du document.
Emmanuel Macron a dit en juin dernier qu'il souhaitait la création "d'un nouveau risque" financé par la solidarité, au même titre que la maladie, les accidents du travail et maladies professionnelles, la famille et la vieillesse. Il avait estimé le montant des besoins supplémentaires entre 9 et 10 milliards d'euros.
La dépense publique consacrée à la dépendance est de l'ordre de 23,7 milliards d'euros, celle des ménages de 6,3 milliards pour un total de 30 milliards.
PAS RÉNOVÉS DEPUIS 25 ANS
Elle ne représente que 3% des dépenses totales de la protection sociale, et 1,2% du PIB, selon l'équipe de Dominique Libault. Mais la France sous-investit par rapport à ses voisins européens. La Suède consacre 2,7% de son PIB au financement de la dépendance et l'Allemagne 1,4%.
Or, les besoins de réforme sont criants. L'entrée en Ehpad (maison médicalisée) est trop souvent vécue comme une exclusion, selon l'équipe de Dominique Libault, qui ajoute que 80% des Français pensent qu'entrer en établissement signifie perdre sa liberté de choix.
Selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), 23% des établissements n'ont pas été rénovés depuis 25 ans.
La qualité de l'offre incluant le soin, l'aide, l'alimentation et l'animation est perçue comme très hétérogène d'un établissement à l'autre. Le reste à charge pour les bénéficiaires se situe en moyenne à 1.850 euros par mois et excède les ressources courantes des personnes âgées dans 75% des cas.
Les aidants, qui sont au nombre de 3,9 millions en France, font état d'un isolement, un manque de solution de répit, une complexité dans les démarches administratives, ainsi que d'une difficile conciliation entre le rôle d'aidant et la vie professionnelle.
A cela, s'ajoutent des difficultés de recrutement dans le secteur: 65% des Ehpad déclarent avoir au moins un poste non pourvu depuis six mois ou plus.
Le Premier ministre Edouard Philippe et Agnès Buzyn ont alimenté une vive controverse la semaine dernière en évoquant l'idée de financer la dépendance par un report de l'âge légal de départ à la retraite, proposition qui a fait bondir les partenaires sociaux, actuellement consultés sur la prochaine réforme des retraites.
(Caroline Pailliez)