Le marché automobile, malgré des groupes français à la peine face à la concurrence étrangère, a sauvé les meubles en 2011 avec un recul des immatriculations de voitures neuves moindre que prévu, mais 2012 s'annonce comme une année sombre.
Un peu plus de 2,2 millions de voitures se sont vendues l'an dernier, en baisse de 2,1% en données brutes par rapport à 2010 qui avait été une bonne année, selon des chiffres publiés lundi par le Comité des constructeurs français d'automobile (CCFA).
La France s'en tire mieux que sa voisine espagnole où les ventes de voitures sont tombées à leur plus bas niveau depuis 1993 à 808.059 unités.
La chute du marché français est bien moins brutale que prévu puisque début 2011 encore, le CCFA tablait sur -8%. Comme en 2009 et en 2010, le marché a été soutenu au premier trimestre par la prime à la casse, instaurée fin 2008 par le gouvernement. Cette dernière avait été supprimée le 31 décembre 2010 mais portait sur les voitures livrées avant la fin mars 2011. Il avait aussi bénéficié du système de bonus pour les modèles les moins polluants, qui vient d'être durci.
Sur le seul mois de décembre, la chute est brutale, de 17,8% en données brutes. Les immatriculations de décembre 2010 avaient été gonflées par le coup de pouce gouvernemental.
"2011 reste une très bonne année", une des quatre meilleures sur les deux dernières décennies, relève Flavien Neuvy, responsable du site d'études Cetelem.
La disparition de la prime à la casse a en effet été compensée par les constructeurs qui se sont livrés à une féroce guerre des prix mais aussi par les ventes aux loueurs et aux entreprises pour renouveler leurs flottes.
Les ventes aux particuliers sont en revanche tombées sous la barre des 1,3 million, selon M. Neuvy.
- 2012 sera "plus difficile" -
Les constructeurs ont connu des sorts différents. Les Français, champions des petites voitures, qui avaient beaucoup profité de la prime à la casse en 2010, ont souffert en revanche l'an dernier. PSA Peugeot Citroën a vu ses ventes s'éroder de 4,9% et le groupe Renault (Dacia compris) de 9,6%.
Les étrangers ont en revanche, à l'exception de l'italien Fiat et de l'allemand Mercedes, progressé, particulièrement le japonais Nissan, allié de Renault, le coréen Hyundai et l'allemand Volkswagen.
Le marché des utilitaires s'est bien porté, avec une hausse de 2,8% en données brutes sur l'année.
2012 s'annonce en revanche plus difficile. Le marché devrait retomber autour de 2,02 millions de voitures, estime M. Neuvy, pour qui il s'agit d'un "niveau correct" correspondant à la moyenne des dernières années hors période de soutien gouvernemental. Une estimation partagée par Philippe Narbeburu, directeur commerce France de Citroën.
Les constructeurs subissent une baisse de leurs carnets de commande en décembre "de l'ordre de 50 à 60%, ce qui va impacter le premier trimestre", avertit de son côté le porte-parole du CCFA.
"On va avoir un marché en baisse et très agressif" en termes de prix, confirme Bernard Cambier, directeur commercial France de Renault.
Les français attendent beaucoup du lancement de nouveaux modèles mais qui ne devraient avoir d'effet sur les ventes qu'à partir du second semestre. C'est le cas pour Peugeot fin mars avec la petite citadine 208, héritière de la 206 et de la 205, dont il espère faire un best-seller.
Chez Citroën, "on va s'appuyer sur les C4, DS3, DS4 et DS5", selon M. Narbeburu.
Renault compte beaucoup sur la nouvelle Clio qui sera lancée à la rentrée et sur le monospace de Dacia, le Lodgy, après le succès du 4x4 Duster de la marque roumaine à bas coûts.