par Natalie Huet
BERLIN (Reuters) - Alstom restera à l'affût de rachats dans la signalisation ferroviaire après la reprise des activités de l'américain General Electric dans ce secteur, a déclaré mardi Henri Poupart-Lafarge, le président du pôle Transport du groupe français.
La branche ferroviaire d'Alstom constituera l'essentiel du périmètre du groupe après la vente de ses activités dans l'énergie à GE, pour 12,35 milliards d'euros, dans le cadre d'un accord conclu en juin.
Cet accord inclut la vente à Alstom de l'activité de signalisation ferroviaire de GE pour 600 millions d'euros, une opération que le français prévoit de boucler en même temps que la cession du pôle énergie au deuxième trimestre 2015, a indiqué Henri Poupart-Lafarge lors du salon ferroviaire InnoTrans de Berlin.
"La signalisation, c'est un secteur intéressant (...), on compte continuer à participer à cette consolidation", a-t-il déclaré à des journalistes.
Henri Poupart-Lafarge a rappelé que le rachat de la signalisation ferroviaire de GE apporterait 400 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire par an au groupe français et qu'il génèrerait également des synergies, non précisées.
"Je pense qu'il faudra qu'il y ait de la consolidation dans le reste du secteur également, et on est également intéressés (...). On aura un bilan solide qui nous permettra de financer les acquisitions qu'on souhaitera faire", a-t-il également dit.
Fabricant du TGV, de tramways, métros et trains régionaux, Alstom Transport est le quatrième fournisseur mondial d'équipements ferroviaires derrière les chinois CNR et CSR et le canadien Bombardier, mais devant l'allemand Siemens.
Alstom a fait savoir lors de la publication de son chiffre d'affaires du premier trimestre 2014-2015, en juillet, que son pôle ferroviaire devrait enregistrer "une progression soutenue" de ses ventes sur l'ensemble de l'exercice.
Le groupe a alors précisé qu'il communiquerait à la fin de l'année sur les perspectives de sa branche transport, et sur l'utilisation du cash reçu de GE lors d'une assemblée générale appelée à se prononcer sur l'opération avec le groupe américain.
L'ETAT FRANÇAIS "STABILISE ALSTOM"
Alstom a jusqu'ici indiqué, sans fournir de précisions, que le montant en numéraire versé par l'entreprise américaine lui servirait à renforcer ses activités dans le ferroviaire, à investir dans des alliances dans l'énergie avec GE, à se désendetter et à rémunérer ses actionnaires.
L'Etat français est intervenu dans les négociations entre Alstom et GE avec l'objectif de préserver l'emploi, de maintenir une présence du français dans l'énergie et de s'assurer que son pôle Transport serait assez solide pour poursuivre seul son développement.
Cette intervention s'est notamment traduite par un accord avec Bouygues, premier actionnaire du groupe avec 29,3% du capital, qui prêtera des titres à l'Etat et lui accordera une option d'achat portant sur 20% du capital d'Alstom pendant 20 mois à compter de la finalisation de l'opération avec GE.
L'entrée de l'Etat français "est une très bonne chose, ça stabilise Alstom", a estimé Henri Poupart-Lafarge, ajoutant que son groupe accueillerait aussi favorablement, à long terme, des partenaires industriels.
Le russe Transmashholding, dont Alstom détient 25% du capital, pourrait par exemple selon lui prendre en retour une participation dans le groupe français.
Henri Poupart-Lafarge a déclaré que les tensions occidentales avec la Russie n'affectaient pas les opérations quotidiennes d'Alstom, qui surveille cependant attentivement la situation et espère qu'elle s'apaisera.
Alstom Transport a enregistré en 2013-2014 un chiffre d'affaires de 5,9 milliards d'euros - soit 29% des ventes du groupe - et une marge opérationnelle de 5,6%.
Le pôle, qui emploie près de 28.000 personnes, s'est illustré en octobre en décrochant en Afrique du Sud le plus gros contrat de l'histoire d'Alstom et affichait fin juin un carnet de commandes record de 23,2 milliards d'euros, soit environ 4,5 ans de chiffre d'affaires.
Alstom Transport a aussi annoncé mardi la signature de deux lettres d'intention avec KTZ, la compagnie ferroviaire nationale du Kazakhstan, en vue de pouvoir augmenter sa participation de 25% dans EKZ - une coentreprise détenue à 50% par KTZ et à 25% par le russe Transmashholding - et d'élargir ses activités de maintenance et de signalisation au Kazakhstan.
(Benjamin Mallet pour le service français, édité par Matthias Blamont)