Les ventes au détail ont baissé aux Etats-Unis en octobre, tirées par un recul de ventes d'automobiles, après avoir connu le mois précédent leur hausse la plus forte en deux ans et demi, selon des chiffres publiés mercredi à Washington par le département du Commerce.
Elles ont reculé de 0,3% en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés par rapport à septembre, a indiqué le ministère, alors que la prévision médiane des analystes les donnait en baisse de 0,2%.
Le gouvernement a revu en hausse de 0,2 point, à 1,3% son estimation de l'augmentation des ventes de septembre: son indice a connu ce mois-là sa progression la plus forte depuis mars 2010.
Le ministère indique que le passage de l'ouragan Sandy, qui a fait des ravages dans le Nord-Est du pays dans les derniers jours du mois d'octobre, a eu "des effets à la fois négatifs et positifs" sur les ventes au détail mais qu'il n'est pas en mesure d'en évaluer les conséquences sur son indice.
Certaines entreprises "ont fait part d'une baisse des ventes provoquée par des fermetures" de magasins, mais d'autres ont noté au contraire "des améliorations du chiffre d'affaires liées à des ventes importantes de fournitures" dans les zones frappées par la catastrophe ou à des dépenses de personnes déplacées, ajoute le gouvernement dans un communiqué.
Exclusion faite des ventes d'automobiles (soumises à des variations fortes d'un mois sur l'autre, celles-ci ont chuté de 1,5% en octobre), l'indice du ministère, qui mesure l'évolution des ventes des détaillants et des restaurants, est resté stable par rapport à septembre alors que les analystes l'attendaient en hausse de 0,1%.
En glissement annuel, précise le gouvernement, les ventes au détail ont augmenté de 3,8% en octobre.
L'indice des ventes au détail donne une idée de l'évolution de la consommation des ménages, qui assure habituellement plus des deux tiers du PIB du pays.
Il ne donne cependant qu'un aperçu partiel de la situation dans la mesure où les dépenses de consommation des Américains sont absorbées majoritairement par des achats de services.
D'une manière générale, les analystes reconnaissent avoir du mal à analyser les chiffres du ministère compte tenu de l'ampleur inconnue des effets de l'ouragan Sandy.
Pour Scott Hoyt, économiste de Moody's Analytics, "la consommation n'est pas aussi faible que le laisse penser la baisse des ventes au détail d'octobre, ni aussi solide que leur forte progression des deux mois précédents pourrait le faire croire".
"La hausse des dépenses des ménages est plus probablement modique, estime-t-il, ce qui est conforme au lent renforcement des bases de l'économie mais aussi, potentiellement, à une poussée d'inquiétude à propos du mur budgétaire", ce mélange de hausses d'impôts et de baisse des dépenses publiques censé entrer en vigueur début janvier sauf accord exprès du Congrès pour l'empêcher.
Inna Mufteeva, de la banque Natixis, estime elle aussi que les incertitudes budgétaires "semblent avoir influencé le comportement des ménages" en octobre, bien que le moral des consommateurs soit au plus haut depuis la fin de la récession.
Un chose est sûre néanmoins pour son confrère Chris Christopher, du cabinet IHS Global Insight: la consommation "a perdu beaucoup de son élan" alors que la saison des achats de la fin de l'année est déjà entamée.