Le commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia a averti vendredi que les discussions avec les autorités belges et françaises sur la restructuration de Dexia s'annonçaient "difficiles", alors que les deux pays viennent d'accroître leur soutien à la banque.
"L'examen du cas de Dexia pourrait être difficile. Nous nous apprêtons à entamer des négociations complexes sur la restructuration ou le démantèlement de la banque, dès que nous aurons reçu les propositions des autorités belges et françaises avant fin mars", a-t-il affirmé vendredi dans un discours à Bruxelles.
Gardienne de la concurrence, la Commission européenne doit décider si les aides publiques dont a bénéficié la banque sont conformes au droit européen et ne constituent pas une aide indue.
La France, la Belgique et le Luxembourg s'étaient entendus en octobre pour procéder au démantèlement de Dexia, première banque victime de la crise de la dette. Ils avaient alors décidé de garantir le financement de la banque à hauteur de 90 milliards d'euros au total et lui permettre de mener à terme son démantèlement. C'est sur ce point que la Commission européenne doit se pencher.
Bruxelles a déjà donné un feu vert temporaire à un accord entre les trois pays sur un mécanisme de garantie des financements de la banque, portant sur un total de 45 milliards d'euros au maximum mais limité dans le temps.
Cette garantie temporaire doit permettre à Dexia d'emprunter sur les marchés sur des durées allant jusqu'à trois ans et est prise en charge à hauteur de 60,5% par la Belgique, 36,5% par la France et 3% par le Luxembourg.
Mais depuis, la France et la Belgique ont renégocié cet accord, permettant à Dexia de bénéficier de règles assouplies pour ses emprunts sur les marchés, a fait savoir le Premier ministre belge Elio Di Rupo, à l'occasion d'une visite à Paris pour rencontrer le président Nicolas Sarkozy.
Concernant Dexia, "la volonté est d'assurer les engagements qui ont été pris à une allure soutenue", a-t-il ajouté.
Grâce à ce nouvel accord, Dexia peut émettre 17 milliards d'euros de dette couverte par les Etats, sans donner aucun gage en contrepartie, ce qui signifie que le risque est désormais plus grand pour la Belgique et la France qui ont apporté leurs garanties dans des proportions significatives.
"Ce deal diminue le risque de Dexia Banque Belgique (la banque de détail belge), mais augmente par contre celui de l'Etat belge et donc des contribuables", résume le quotidien économique belge L'Echo.
Dexia a fait état jeudi une perte de 11,6 milliards d'euros en 2011, record dans l'histoire des banques françaises, qui porte la marque du démantèlement engagé en octobre après un deuxième sauvetage de l'établissement.