par John O'Donnell et Paul Carrel
FRANCFORT (Reuters) - Les banques de la zone euro n'ont emprunté qu'un montant limité à la Banque centrale européenne (BCE) jeudi dans le cadre de sa deuxième opération de refinancement à plus long terme ciblée (TLTRO) et ce succès mitigé plaide pour de nouvelles mesures susceptibles d'inclure l'achat de dettes souveraines.
La BCE a alloué 129,84 milliards d'euros à 306 établissements financiers dans le cadre de cette opération de refinancement à quatre ans à un taux très faible (0,15%).
Ce montant, conforme à celui attendu en moyenne par les économistes et analystes interrogés par Reuters, porte à 212,4 milliards d'euros le total des liquidités prêtées par l'institution dans le cadre de ses deux premières TLTRO, alors qu'elle avait prévu une enveloppe maximale de 400 milliards.
Ces opérations de refinancement exceptionnelles étaient au départ considérées comme l'une des principales armes nouvelles employées par la BCE pour tenter de relancer l'économie de la zone euro et prévenir la déflation.
Leur succès très relatif plaide pour des initiatives supplémentaires, d'autant que le risque déflationniste est toujours bien présent, comme le montre l'annonce jeudi d'une baisse de 0,2% des prix à la consommation en France le mois dernier, et du passage de l'indicateur d'inflation sous-jacente en territoire négatif, du jamais vu depuis le début du suivi en 1990.
PRESSION
Le peu d'intérêt montré par les banques pour les TLTRO complique la tâche de la BCE, qui s'est fixé pour objectif de ramener la taille de son bilan à son niveau de début 2012, ce qui implique une augmentation d'environ 1.000 milliards d'euros.
Or, en incluant les deux TLTRO et les achats d'obligations sécurisées et de titres adossés à des actifs (ABS) entamés ces derniers mois, dont les montants ont pour l'instant été modestes, il est peu probable que l'augmentation du bilan dépasse 300 milliards d'ici la fin de l'année, un constat qui nourrit les anticipations de mesures supplémentaires en 2015.
D'autant que rares sont les observateurs qui jugent que l'injection massive de liquidités dans le système bancaire se traduira par un redémarrage du crédit.
L'interrogation clé des mois à venir porte sur la possibilité que la BCE s'engage dans des achats de dette d'entreprise et surtout de dette souveraine, une option contestée par plusieurs pays membres, Allemagne en tête.
"La BCE est soumise à une telle pression pour augmenter son bilan qu'elle a besoin de disposer d'actifs plus importants et plus liquides", note Reinhard Cluse, économiste d'UBS. "C'est un argument fort en faveur des obligations souveraines."
L'euro a touché un plus bas du jour à 1,2415 dollar après l'annonce du montant alloué aux banques, avant de remonter à près de 1,2460 à 11h30 GMT. Au même moment, l'indice Stoxx européen des valeurs bancaires perdait 0,37% après avoir brièvement amplifié sa progression à l'annonce du montant alloué par la BCE.
(Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)