Les banquiers doivent rencontrer lundi et mardi la ministre de l'Economie Christine Lagarde et le président Nicolas Sarkozy pour tenter de préciser certains des engagements déjà pris sur les bonus, sous les feux de la critique depuis l'affaire BNP Paribas.
La précédente réunion, organisée dans l'urgence le 7 août à Matignon après l'annonce d'une enveloppe d'un milliard mise de côté par BNP Paribas pour ses équipes, n'avait débouché sur aucune nouveauté.
Selon l'Elysée, le président, qui recevra les banquiers pour la septième fois depuis moins d'un an, procédera à un rappel à l'ordre sur la question des bonus, mais ne devrait pas s'exprimer publiquement à l'issue de la réunion.
Mme Lagarde a indiqué lundi attendre des banquiers des propositions sur les rémunérations variables, pour aller "plus loin" que les dispositions actuellement en place.
Les banques françaises ont déjà pris une série d'engagements en février pour encadrer les rémunérations variables, qui prévoient notamment un versement étalé dans le temps et la limitation à un an des bonus garantis.
De sources concordantes, les propositions qui devraient être présentées la semaine prochaine ne seraient qu'une articulation plus précise de ces engagements, de manière à rendre leur application plus efficace.
Depuis le rebond de la polémique, début août, les autorités de régulation britannique (FSA) et allemande (BaFin) ont mis en place des codes de conduite sur les rémunérations variables, qui vont dans le sens des recommandations du G20 et de la charte française.
Mais à un mois du G20 de Pittsburgh, la France conserve une longueur d'avance sur le sujet, car ses dispositions sont plus larges et elle s'est assurée que la Commission bancaire, régulateur du secteur, vérifierait leur application.
Malgré tout, pour Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférence à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne, si le code éthique français "va dans le bon sens, les recommandations qui ont été faites restent assez peu exigentes, notamment en termes de transparence".
"Aller plus loin maintenant reviendrait à se couper du système financier mondial" et à perdre en compétitivité de même qu'en influence, tempère un banquier.
"On ne peut pas réformer la Fédération française de football si l'on n'a plus de club en première division", insiste un autre.
Nicolas Sarkozy doit ainsi ménager l'opinion, mais aussi l'attractivité de la place financière de Paris et préserver les centaines de milliers d'emplois du secteur.
"La crise nous a montré qu'on ne peut plus réguler quoi que ce soit à une échelle nationale, tout particulièrement la sphère financière", estime Mme Couppey-Soubeyran.
Pour l'Elysée, il s'agira donc de "rappeler ce qui s'est passé à Washington et à Londres", lors des deux précédents G20, mais d'évoquer "surtout ce qui va se passer à Pittsburgh" lors du prochain sommet.
Lors des réunions de lundi et mardi, sera également abordée la question du financement de l'économie. Le gouvernement avait demandé, début août, que les banques veillent à ce que ménages et entreprises bénéficient de conditions de financement "plus favorables".
Les banques devraient en profiter pour effectuer un point d'étape détaillé sur le crédit à l'économie, dont la distribution s'est ralentie avec la dégradation de la situation économique.
L'objectif d'une hausse du volume des crédits de 3 à 4% sur l'année 2009, sur lequel les banques s'étaient engagées à l'automne 2008, ne devrait ainsi pas être tenu.