Le titre du groupe français Total creusait encore ses pertes mardi après-midi à la Bourse de Paris, alors qu'une importante fuite de gaz décelée sur une de ses plateformes en mer du Nord pourrait prendre plusieurs mois à être colmatée, selon les analystes.
A 14H51 (12H51 GMT), la société, première capitalisation de la place parisienne, voyait son titre reculer de 6,21% à 38,46 euros, entraînant à la baisse l'ensemble du marché parisien (-0,23%). L'action avait perdu 7,10% quelques minutes auparavant.
Une zone d'exclusion maritime et aérienne a été mise en place autour d'une plateforme d'exploitation d'hydrocarbures appartenant à Total en mer du Nord au large de l'Ecosse, en raison d'une importante fuite de gaz, a indiqué mardi un porte-parole du groupe pétrolier français.
La fuite, qui représente "le plus gros incident pour Total en mer du Nord depuis au moins dix ans", a conduit le groupe à faire appel à "des experts venus de France et à d'autres spécialistes", a indiqué Brian O'Neill à l'AFP mardi matin.
Une zone d'exclusion maritime de 2 milles (3,7 km) a été mise en place tandis que les avions et hélicoptères sont interdits de survol sur 3 milles (5,5 km). "La zone d'exclusion permet aux équipes qui interviennent sur la fuite de travailler en toute sécurité", a expliqué à l'AFP une porte-parole des garde-côtes.
Trois avions de surveillance loués par Total vont survoler la zone mardi. La fuite a entraîné un nuage de gaz sur la zone, qui peut présenter des risques d'inflammation et de toxicité, selon Simon Boxall, océanographe à l'université de Southampton, interrogé par la BBC.
Lors de la fuite qui a débuté dimanche, du liquide s'est d'abord échappé avant le gaz, a expliqué à l'AFP le porte-parole de Total, entraînant la formation d'une nappe fine d'hydrocarbure de 4,8 miles carrés (12,4 km2).
Au total, 23 tonnes de gaz se sont échappées de la plate-forme en 48 heures, et la fuite, même si elle n'est pas encore colmatée, est "stable", selon Total.
Selon le porte-parole, il s'agit d'un condensat léger, qui devrait spontanément s'évaporer de la surface de l'eau. Un avion capable d'arroser la zone de dispersants est prêt à intervenir mais "nous ne devrions pas en avoir besoin", a-t-il estimé.
En outre, "les risques d'explosion sont réduits, l'alimentation électrique ayant été coupée sur la plate-forme", même si le risque zéro n'existe pas, Selon le porte-parole de Total, a assuré le porte-parole.
"Nous sommes presque sûrs que la fuite provient de la partie de la plate-forme située au-dessus du niveau de la mer, ce qui rendrait probablement plus faciles les opérations de réparation", a-t-il indiqué.
Interrogé sur la création d'un puits d'intervention, destiné à soulager la pression sur le puits principal, le porte-parole a répondu qu'il s'agissait "d'une possibilité" mais qui "prend beaucoup de temps".
"Je dirais qu'un puits d'intervention prend au minimum six mois," a indiqué sur la BBC David Hainsworth, responsable sécurité et environnement chez Total au Royaume-Uni.
"Nous espérons recourir à une autre solution avant", a indiqué le porte-parole.
Total a évacué les 238 personnes à bord de sa plate-forme sur le champ Elgin dans la nuit de dimanche à lundi, et avait coupé l'alimentation afin de limiter les risques d'explosion.
"Les 19 derniers employés ont été évacués par bateau, le risque d'évacutation par hélicoptère étant trop élevé", a indiqué Bob Crow, secrétaire général du syndicat RMT, qui représente les travailleurs des stations pétrolières.
Lundi, le groupe anglo-néerlandais Shell a évacué à son tour par précaution 85 personnes de sa plate-forme de Shearwater et du puits d'extraction de Hans Deul, situés à quelque 6 km de la station de Total.
La dernière catastrophe majeure en mer du Nord remonte à 1988, avec l'explosion de la plate-forme gazière Piper Alpha, opérée par Occidental Petroleum, qui avait fait 167 morts.