Une enquête a été ouverte par l'Autorité de la concurrence contre plusieurs loueurs de voitures, soupçonnés de s'être livrés à des pratiques anticoncurrentielles afin de gonfler leurs tarifs dans les gares ou les aéroports, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Le gendarme de la concurrence a adressé aux loueurs une "notification de griefs", "leur reprochant certaines pratiques susceptibles d'être non conformes à la réglementation française", précise dans un document financier l'un des groupes concernés, Europcar, numéro un de la location de voitures.
Cette notification, adressée "le 17 février 2015", est susceptible d'exposer le groupe "à un risque d'amende dont le montant pourrait être significatif", ajoute Europcar dans ce document déposé mercredi auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), dans le cadre de l'introduction en bourse de la société.
Le numéro un de la location de voitures précise avoir provisionné 45 millions d'euros en vue d'une amende possible.
D'après Le Figaro, qui a révélé l'information, six loueurs sont visés par l'enquête: Europcar, Avis Budget, Hertz, Citer, Sixt et Ada. Ils sont soupçonnés de s'être concertés sur une surcharge tarifaire dans les gares et de s'être échangé des informations sur leurs pratiques commerciales dans les aéroports.
Dans un communiqué vendredi soir, Sixt a contesté les informations le concernant, les qualifiant d'"erronées".
"Sixt déplore les comportements diffamatoires dont elle est victime et examine toutes les voies de recours disponibles afin de mettre un terme à la diffusion de ces fausses allégations, ce qui est pénalement répréhensible", écrit le groupe.
Le premier volet, concernant la surcharge dans les gares ferroviaires, concerne une période allant de 2005 à 2008. Selon une source proche du dossier, il s'agit du volet le plus important de l'enquête.
Le volet concernant les aéroports remonte à 2003-2008, selon le document financier d'Europcar. Les "échanges d'informations" auraient eu lieu dans une douzaine d'aéroports français, dont ceux de Roissy et d'Orly.
En 2008, "plusieurs perquisitions" avaient été menées par des agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, Europcar a dit contester "formellement les griefs qui lui ont été notifiés", précisant défendre "très fortement cette position auprès de l'Autorité de la concurrence".
Le directeur général d'Ada, Christophe Plovenez, a assuré de son côté à l'AFP que sa société n'était concernée "que par l'un des deux volets, celui des aéroports".
L'échange d'informations reproché aux compagnies "ne concernait pas les prix", mais "les chiffres d'affaires des loueurs dans les aéroports". "C'est par l'intermédiaire de questionnaires adressés par les aéroports que ces informations ont été échangées. Nous ne nous sommes jamais parlé", a-t-il assuré.
Contactée par l'AFP, l'Autorité de la concurrence n'a pas souhaité faire de commentaire.
Plusieurs cartels ont été épinglés ces derniers mois par l'Autorité de la concurrence pour des pratiques anticoncurrentielles, notamment dans le secteur agroalimentaire.
Le 12 mars, le gendarme de la concurrence a condamné 11 groupes laitiers dont Senagral, Novandis (Andros) ou Lactalis à des amendes d'un total de 192,7 millions d'euros pour entente sur les prix et les appels d'offres sur des produits laitiers frais portant des marques de distributeurs.
Le 6 mai, 21 industriels du secteur de la volaille dont LDC (Loué, Le Gaulois ...), Duc et Gastronome, et deux fédérations professionnelles, ont été condamnés pour une entente, écopant d'une amende globale de 15,2 millions d'euros.
Le numéro un européen de la location de voitures Europcar, qui a lancé jeudi la première étape de son entrée en Bourse, espère lever 475 millions d'euros à l'occasion de cette opération.