PARIS (Reuters) - Manuel Valls estime que le fonctionnement du marché du travail en France n'est pas satisfaisant et qu'il "faut agir" contre les inégalités "importantes" entre les salariés en CDI (contrats à durée indéterminée) et ceux en CDD (contrats à durée déterminée) ou en intérim.
Dans une interview à paraître jeudi dans L'Obs (ex-Nouvel Observateur), le Premier ministre ne va toutefois jusqu'à prôner un contrat de travail unique, recommandé par des économistes comme le nouveau prix Nobel français Jean Tirole.
"Le fonctionnement du marché du travail n'est pas satisfaisant car il ne crée pas assez d'emplois, il génère des inégalités importantes entre, d'une part, des salariés très protégés en CDI et, d'autre part, des salariés très précaires en CDD et en intérim", dit-il.
"C'est là-dessus qu'il faut agir".
Prié de dire s'il faut aller vers le contrat unique, Manuel Valls répond que "les partenaires sociaux n'ont pas souhaité s'engager" dans cette voie, "ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas intéressant."
"Mais il faut être pragmatique" s'empresse-t-il d'ajouter.
Pour lui, ceux qui proposent d'unifier le contrat de travail partent du constat, qu'il dit lui-même partager, que les entreprises "ne veulent pas embaucher en raison du coût trop élevé du licenciement, notamment parce que l'incertitude juridique est trop forte".
Mais il fait valoir aussi que la loi de sécurisation de l'emploi votée en 2013 "encourage fortement la recherche d'un accord entre partenaires sociaux" et que le nombre de recours juridiques suite à des plans sociaux a chuté.
Pour ce qui est des conflits individuels, Le Premier ministre a indiqué qu'une concertation s'engageait et qu'elle devrait permettre de rendre la justice prud'hommale "plus rapide et plus efficace", un des objectifs du futur projet de loi pour l'activité porté par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Il défend d'autre part les 41 milliards d'euros de baisses de charges et d'impôts pour les entreprises prévues par le pacte de responsabilité et annonce qu'il réunira début novembre les partenaires sociaux pour faire le point des engagements du patronat en matière d'investissement et d'emploi.
"Nous devons bâtir des compromis sociaux qui permettent de protéger les salariés sans nuire à la compétitivité des entreprises", indique-t-il.
"Je réunirai le 4 novembre prochain l'ensemble des partenaires sociaux pour faire le point sur les aides aux entreprises. Quand la nation tout entière consent un effort aussi important, il faut que les entreprises assument leurs responsabilités."
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)