La chancelière allemande Angela Merkel s'est dite lundi prête à un compromis sur les moyens du pare-feu européen contre la crise, à quelques jours d'une réunion des ministres européens des Finances qui doit trancher la question.
Berlin est désormais d'accord pour cumuler les fonds déjà octroyés par le FESF et ceux du mécanisme prévu pour lui succéder, le MES, ce qui permettra d'atteindre au total 700 milliards d'euros de capacité de prêt.
"Ce que nous disons c'est que le MES doit être fixé durablement à 500 milliards d'euros. Mais pour que nous ayons effectivement 500 milliards d'euros de disponibles, nous pourrions imaginer (...) de laisser courir les programmes déjà en cours, qui représentent environ 200 milliards d'euros", a déclaré la chancelière lors d'une conférence de presse à Berlin.
Celle qui était vue comme l'obstacle principal au renforcement du pare-feu européen réclamé avec insistance par la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la plupart des pays de la zone euro, a donc enfin expliqué jusqu'où elle était prête à aller. Bruxelles a instamment demandé aux pays européens de se mettre d'accord à la fin de la semaine.
L'opposition allemande a beau parler d'un "virage à 180 degrés" de la chancelière, Berlin préparait le terrain depuis plusieurs semaines.
Vendredi encore le ministère des Finances avait évoqué les discussions sur "l'articulation du FESF et du MES", les deux mécanismes de sauvetage à disposition de la zone euro. Des propos qui laissaient clairement entendre que l'hypothèse du cumul au moins temporaire des deux dispositifs était une option, même pour l'Allemagne.
Le premier, le FESF, créé en 2010, vient déjà en aide à la Grèce, à l'Irlance et au Portugal. Le MES, qui devait prendre son relais définitif à compter de début 2013, entrera en fonction dès juillet cette année et aura à plein une capacité de prêt de 500 milliards d'euros.
A l'approche du sommet de vendredi, plusieurs hypothèses de cumul des deux structures circulent, variant quant à leur amplitude et leur durée.
Dans ses propos de lundi, inhabituellement précis, la chancelière a pris position pour l'option la moins ambitieuse. Cette variante verrait les fonds déjà promis à la Grèce, l'Irlande et le Portugal, soit un total de 192 milliards d'euros (les "environ 200 milliards" évoqués par Mme Merkel) venir s'ajouter aux fonds du MES, et ce jusqu'à ce que les pays concernés aient remboursé leur dû.
Le mécanisme tel qu'il était prévu jusqu'à maintenant aurait repris à son compte ces programmes d'aide, et été virtuellement amputé de 192 milliards d'euros dès sa naissance.
La Commission européenne aimerait aller beaucoup plus loin que Berlin: l'option qui a ses faveurs verrait un couplage des deux fonds dans leur intégralité -les 440 milliards d'euros du FESF et les 500 milliards d'euros du MES-, soit un volume de pas loin de 1.000 milliards d'euros.
Mais les députés allemands de la majorité, qui se voient en porte-voix d'une opinion publique lasse de payer, ne joueraient pas le jeu, et ce d'autant moins que la crise s'est plutôt apaisée depuis le début de l'année.
"Dans la situation actuelle plutôt calme, il est difficile de justifier le besoin de plus d'argent", reconnaissait le patron du FESF, l'Allemand Klaus Regling, dans les colonnes de la dernière édition du magazine allemand Focus. Et ce malgré de nouvelles inquiétudes sur l'Espagne.
En revanche la grande majorité des élus conservateurs et libéraux, les deux camps qui composent la coalition d'Angela Merkel, ont baissé la garde sur un cumul partiel des deux fonds. "Dans un premier temps nous ne pouvons pas renoncer au FESF", reconnaît ainsi le vice-président du groupe parlementaire conservateur Michael Meister, cité par le quotidien Handelsblatt.