La Bourse de Paris, au plus haut depuis neuf mois, pourrait reprendre son souffle la semaine prochaine, sur fond de tensions inflationnistes dans les pays émergents, tout en restant concentrée sur les nombreuses publications d'entreprises.
Alors que la saison des résultats de sociétés bat son plein, l'indice vedette parisien a avancé de 0,86% sur la semaine pour terminer vendredi à 4.017,45 points.
"Le CAC 40 a été porté par les valeurs financières qui affichent de très belles performances depuis le début de l'année", résume Isabelle Enos, gérante d'actions chez B* Capital (groupe BNP Paribas).
Axa et Société Générale ont bondi de plus de 20% depuis le 1er janvier, Crédit Agricole a gagné plus de 18%.
En revanche, des secteurs comme celui du luxe et des services aux collectivités (EDF, GDF Suez...) ont mal réagi.
"Les détenteurs d'actions ont continué à réorganiser leur portefeuille, en privilégiant ce qui a mal marché l'année dernière", explique Mme Enos.
La bonne tenue de la Bourse de Paris pourrait encourager les investisseurs à prendre des bénéfices la semaine prochaine. "Le marché a sans doute maintenant besoin d'une respiration", estime ainsi Emmanuel Bourdeix, gérant d'actions chez Natixis AM.
D'un point de vue macroéconomique, les tensions inflationnistes dans les pays émergents vont continuer à préoccuper les investisseurs.
Le Brésil a décidé d'augmenter son taux directeur à 11,25%, soit l'un des plus élevés au monde, pour contenir son inflation.
De son côté, la Chine --qui a annoncé une croissance très vigoureuse de 10,3% pour 2010-- pourrait être contrainte très prochainement à un tour de vis monétaire beaucoup plus sévère que les fois précédentes, selon des analystes.
"Le risque est que les autorités (chinoises) sur-réagissent et finissent par provoquer un ralentissement plus brutal de l’économie", souligne Christian Parisot, économiste chez Aurel.
L'absence de direction claire sur les solutions à apporter à la crise de la dette de la zone euro pourrait aussi rendre le marché nerveux, selon des analystes.
Des solutions sont évoquées: le rachat de titres de dette souveraine par le mécanisme financier de soutien de la zone euro et l'augmentation de la capacité de ce fonds, mais rien de ferme n'a été annoncé.
"Plus on tarde, plus cela peut rendre le marché fébrile. Gare au retour de bâton!", met en garde Frédéric Aubel de chez Global Equities.
La semaine à venir sera riche d'un point de vue macroéconomique, les indicateurs sur l'immobilier américain seront particulièrement scrutés par la place parisienne, attentive à tout signe d'un éventuel redressement du secteur.
La réunion du comité de politique monétaire de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), mardi et mercredi, sera un des autres temps forts de la semaine.
Mais c'est surtout du côté des sociétés que de nombreuses nouvelles sont à attendre. A New-York, des poids lourds de la cote, comme Microsoft, Boeing, Yahoo! ou McDonald's vont publier leurs résultats pour le quatrième trimestre. En France, la semaine sera aussi très riche en publications (Vinci, Areva STMicroelectronics...).
"Il ne faudra pas se contenter d'observer les résultats qui ne devraient pas être mauvais dans l'ensemble, mais surtout guetter les déclarations des dirigeants sur les perspectives pour 2011", souligne Mme Enos.