L'Asie a pris une longueur d'avance en terme de reprise économique sur les Etats-Unis et l'Europe, à la faveur de plans de relance de plusieurs milliards de dollars et d'une solide demande en Chine, estiment les analystes.
Les indicateurs du deuxième trimestre ont révélé que les économies de la région frappées par la récession telles que Singapour et Hong Kong récupéraient déjà en dépit d'une demande léthargique sur leurs principaux marchés d'exportation, les Etats-Unis et l'Europe.
Les pays les plus peuplés tels que la Chine, l'Inde, l'Indonésie, la Corée du Sud, les Philippines et le Vietnam ont en revanche continué de croître, même au plus fort de la crise économique mondiale, mais leur rythme s'est décéléré.
Le Japon, deuxième économie mondiale, est sorti de la récession au deuxième trimestre, une reprise que le Premier ministre Taro Aso a versée au crédit du plan de relance gouvernemental.
Au contraire, sur cette même période, le produit intérieur brut (PIB) américain s'est contracté de 1%, tandis que la zone euro, qui faisait un petit peu mieux qu'attendu, affichait +0,1%, tirée par les reprises allemande et française.
L'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a indiqué que seules cinq des 14 économies d'Asie-Pacifique étudiées devraient s'en sortir en positif cette année.
En revanche, l'ensemble des 14 devraient jouir de la croissance l'an prochain, entraînées par une expansion chinoise autour de 8,0% - 8,5% par rapport à cette année, selon les prévisions.
L'économie américaine devrait se contracter de 2,9% cette année, avant de renouer avec la croissance en 2010 à 1,5%, selon les estimations de S&P.
Selon les analystes, l'impact sur l'Asie de la crise sur le marché américain tend à démontrer que les fortunes de la région demeurent largement liées à l'Occident et qu'il n'y aurait pas de reprise complète sans le rétablissement des économies des pays industrialisés.
Cependant, la vitesse et la puissance de la reprise en Asie révèlent que la région ne dépend plus autant que par le passé de l'économie américaine.
"Ce qui se dessine, c'est que si les Etats-Unis restent un contributeur très significatif de la croissance asiatique, ce rôle s'est amoindri avec le temps", a récemment indiqué Subir Gokarn, chef de S&P pour l'Asie-Pacifique lors d'un point de presse à Singapour.
"La capacité de la région asiatique à mettre en oeuvre ses instruments de politique intérieure (...) ainsi qu'à tirer parti du marché régional en croissance, lui permet de prendre un peu d'avance en terme de reprise sur les Etats-Unis et l'Europe", a-t-il précisé.
Les énormes plans de relance mis en place par les gouvernements asiatiques, d'un montant total de mille milliards de dollars, dont 585 milliards par la Chine seule, afin d'encourager la demande intérieure, ont joué un rôle décisif en abritant la région de la récession, a affirmé M. Gokarn.
"Les gouvernements asiatiques ont affronté la crise avec une puissante position fiscale et une dette relativement faible qui leur ont permis de réagir rapidement et agressivement", a déclaré à l'AFP Mark Williams, un consultant du cabinet Capital Economics.
Selon M. Williams, les économies asiatiques dépendantes des exportations comme Singapour, Malaisie et Hong Kong ne retrouveraient sûrement pas des niveaux élevés de croissance sur le moyen terme.
Mais en dépit de la vitesse de croissance asiatique, l'expert affirme que l'économie des Etats-Unis maintiendra sa prédominance au niveau mondial.
"Les Etats-Unis sont toujours la première économie du monde, et loin devant, ils dominent des organisations telles que le Fonds monétaire international et peuvent ainsi façonner la réforme économique mondiale comme aucune autre nation ne peut le faire", a-t-il affirmé.