par Philip Pullella
CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape François devrait mettre l'accent sur le risque de destruction d'écosystèmes entiers en l'absence d'une action urgente sur le climat lors de la publication jeudi de son encyclique sur l'environnement.
Selon la version en italien de ce document de 192 pages, révélée lundi par l'hebdomadaire l'Espresso, le chef des catholiques apporte une nouvelle fois son soutien aux scientifiques qui affirment que le réchauffement de la planète est principalement dû aux activités humaines et que les pays développés ont une responsabilité particulière pour mettre fin à cette tendance qui affectera surtout les pauvres.
Le Vatican a condamné la diffusion à l'avance de cette lettre liée à la mission d'enseignement du pape, mais n'en a pas contesté l'authenticité. Il a suspendu mardi l'accréditation du journaliste italien à l'origine de la fuite, Sandro Magister, éminent spécialiste de l'Eglise.
La version définitive de l'encyclique, intitulée "Laudato si" (Loué sois-tu), restera sous embargo jusqu'à sa publication prévue jeudi. Le titre de "Laudato si" est une référence à une prière de saint François d'Assise consacrée à la nature.
Le pape a choisi le nom de François en souvenir de ce religieux italien, qui prônait le respect de la Création divine et devenu à ce titre le patron des écologistes.
"Si la tendance actuelle se poursuit, ce siècle pourrait connaître des changements climatiques et des destructions d'écosystèmes sans précédent qui auront de graves conséquences pour nous tous", écrit le pape dans l'encyclique, selon la version diffusée par L'Espresso.
En faisant de la protection de l'environnement un impératif moral, l'intervention de François pourrait inciter les 1,2 milliard de catholiques dans le monde à faire pression sur leurs gouvernements sur les questions écologiques.
Le souverain pontife a souhaité que ce texte de six chapitres, conçu pour être un document emblématique de son pontificat, alimente les débats lors de la grande conférence sur le climat qui doit se tenir à Paris au mois de décembre sous l'égide des Nations unies (COP21).
GASPILLAGE
Cette première encyclique du pape consacrée à l'environnement devrait avoir une influence particulière dans les pays d'Amérique latine - le pape est argentin - dont les voix pourraient être déterminantes à la COP21.
Jorge Mario Bergoglio a déclaré dimanche dernier que sa lettre s'adresserait à tous, catholiques et non catholiques.
Parallèlement, l'archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, chef spirituel de l'Eglise anglicane, a publié une déclaration mardi aux côtés de représentants des communautés catholique, musulmane, sikhe et juive britanniques appelant à agir pour lutter contre le changement climatique.
"Nous sommes confrontés à un défi immense. Mais nous avons l'espoir que les changements nécessaires puissent être faits, pour le bien de tous ceux qui ont ce monde en partage aujourd'hui et pour tous ceux qui le partageront demain", lit-on dans cette déclaration.
Après la publication de l'encyclique, jeudi en fin de matinée, le Vatican a prévu de faire un point pour les ambassadeurs des 170 pays accrédités au Saint-Siège.
Répondant à ceux qui nient le changement climatique, notamment les conservateurs aux Etats-Unis, le pape écrit qu'il y a "un consensus scientifique très cohérent selon lequel nous assistons à un réchauffement inquiétant du système climatique".
Tout en reconnaissant qu'il y a également d'autres facteurs, il affirme que de nombreuses études ont montré que le réchauffement climatique est causé par les gaz à effet de serre dont l'émission est principalement due aux activité humaines.
L'encyclique appelle les pays riches à revoir leur mode de vie qui conduit au gaspillage, appel souvent lancé par François depuis son élection en 2013.
"La consommation énorme dans certains pays riches a des répercussions dans certains des endroits les plus pauvres de la Terre", écrit le pape, selon la version diffusée par la presse.
"La Terre, notre maison, semble de plus en plus se transformer en une immense décharge publique", écrit-il aussi.
Il appelle à une réduction des émissions de dioxyde de carbone, à un développement des énergies renouvelables et met en garde sur les effets à long terme de l'utilisation des énergies fossiles comme source principale d'énergie.
Il rejette aussi l'idée qu'un contrôle de la croissance de la population mondiale comme solution à la crise écologique.
(Danielle Rouquié pour le service français)