par Daniel Trotta et Matt Spetalnick
PANAMA (Reuters) - Le président américain Barack Obama et son homologue cubain Raúl Castro ont échangé vendredi une poignée de mains éminemment symbolique lors de la cérémonie d'ouverture du sommet des Amériques, moins de quatre mois après le début du processus de normalisation annoncé conjointement le 17 décembre.
Une photo les montre tous deux vêtus de costumes sombres s'adressant la parole parmi les chefs d'Etat et de gouvernement. Un membre de la délégation américaine a confirmé qu'il y avait eu un bref échange et qu'ils s'étaient serré la main.
"Il s'agissait d'un échange informel et il n'y pas eu de conversation substantielle", a-t-il déclaré.
Les deux hommes doivent se rencontrer plus formellement samedi, a précisé Ben Rhodes, conseiller présidentiel adjoint pour les questions de sécurité. Leur entrevue et la perspective du rétablissement des relations bilatérales rompues en 1961 vont largement éclipser les autres sujets à l'ordre du jour du septième sommet des Amériques, qui se tient jusqu'à samedi à Panama.
"Au fil de nos progrès dans le processus de normalisation, nous aurons des divergences (...) avec Cuba sur de nombreux sujets, comme c'est le cas avec d'autres Etats des Amériques et avec nos plus proches alliés", a averti Barack Obama avant la cérémonie d'ouverture.
"Les jours où nos projets dans cet hémisphère partaient du principe que les Etats-Unis pouvaient s'ingérer en toute impunité sont révolus", a-t-il ajouté.
Hormis pour de brèves rencontres informelles, aucun tête-à-tête américano-cubain au niveau présidentiel n'a eu lieu depuis la révolution castriste de 1959, mais Barack Obama et Raùl Castro s'étaient déjà serré la main le 10 décembre 2013 à Johannesburg, lors des obsèques de Nelson Mandela.
SOIGNER L'AMPOULE
Le président colombien Juan Manuel Santos s'est félicité que son homologue américain ait décidé de soigner "l'ampoule" qui fait souffrir toute la région depuis un demi-siècle.
A la veille du sommet, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez ont eu jeudi soir dans un hôtel de Panama un entretien sans précédent à ce niveau de responsabilité depuis 1958. Ils ont fait le point pendant plus de deux heures sur le processus de normalisation.
Au-delà des gestes symboliques, Cuba attend cependant avec impatience d'être rayée de la liste américaine des Etats promoteurs du terrorisme.
Cette mesure a d'ores et déjà été recommandée par le département d'Etat, a indiqué jeudi un membre de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, et Barack Obama devrait donner rapidement son feu vert. On ignore cependant s'il le fera pendant le sommet de Panama.
L'Amérique latine a unanimement salué l'initiative de Barack Obama en faveur de la normalisation des relations avec Cuba, mais les sanctions infligées le mois dernier par Washington au Venezuela, allié de La Havane, ont jeté un froid et pourraient peser sur la réunion, qui s'achève samedi.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé qu'il présenterait à Barack Obama une pétition signée par des millions de personnes pour réclamer l'annulation des sanctions. Il est certain de recevoir l'appui de Raúl Castro et d'autres dirigeants de gauche du sous-continent.
(Jean-Stéphane Brosse, Pierre Sérisier et Jean-Philippe Lefief pour le service français)