ROME (Reuters) - Le gouvernement italien travaille à des mesures visant à soutenir la croissance économique sans avoir à durcir sa politique budgétaire, a-t-on appris de plusieurs sources politiques.
Ce plan de soutien vise à permettre à Rome d'afficher une prévision de croissance 2019 relativement élevée sur laquelle appuyer les nouvelles prévisions de déficit et de dette publiques que le gouvernement devra présenter à la Commission européenne le mois prochain.
Le "décret croissance" que le gouvernement espère adopter vendredi augmentera les déductions fiscales liées aux investissements, réduira la fiscalité de l'immobilier industriel et simplifiera les procédures d'offres publiques, selon un projet que Reuters a pu consulter.
Le texte facilitera aussi les investissements des collectivités locales et modifiera les règles encadrant le traitement des créances douteuses des banques.
L'économie italienne a basculé dans la récession au deuxième semestre 2018, le produit intérieur brut (PIB) reculant de 0,1% aux troisième et quatrième trimestres, ce qui compromet, pour beaucoup d'observateurs, la prévision officielle d'une croissance de 1% en 2019.
Cette prévision sera revue à la baisse dans le "Document économique et financier" (DEF) attendu le 10 avril, qui doit servir de référence pour la préparation du budget 2020, mais elle restera positive et supérieure à celles de la plupart des économistes indépendants, a-t-on précisé de trois sources gouvernementales. Ces sources ont requis l'anonymat car elles ne sont pas autorisées à parler publiquement du DEF.
Plusieurs indicateurs économiques récents, dont la production industrielle et les commandes à l'industrie, suggèrent une amélioration de la conjoncture et trois sources ont dit s'attendre à ce que le PIB soit stable ou en légère hausse au premier trimestre.
Mais les dernières prévisions du Trésor intègrent une croissance à peine positive sur l'ensemble de cette année, sur la base d'hypothèses inchangées, a-t-on précisé de deux sources.
Le Trésor devrait porter sa prévision de croissance 2019 à environ 0,5% pour prendre en compte l'impact des mesures de soutien à venir, a ajouté l'une des sources.
La Commission européenne prévoit quant à elle une croissance de 0,2% seulement du PIB italien cette année et l'OCDE table sur une contraction de 0,2%.
L'objectif de déficit 2019 du gouvernement, fixé à 2% en décembre, a été délibérément calculé sur la base d'une hypothèse de croissance prudente de 0,6%, a précisé une source.
"Le message, c'est que grâce au décret à venir, nous pourrons quand même approcher cette croissance de 0,6%", a dit cette source.
(Gavin Jones et Giuseppe Fonte; Marc Angrand pour le service français)