Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a poursuivi vendredi les préparatifs du plan de soutien à l'automobile, et s'est attiré des critiques virulentes de l'opposition pour ses attaques contre le constructeur PSA, dont l'actionnaire s'est ému.
En première ligne depuis l'annonce-choc de PSA Peugeot, qui veut supprimer 8.000 postes en France, fermer en 2014 l'usine d'Aulnay en Seine-Saint-Denis (3.000 salariés) et faire disparaître 1.400 nouveaux postes à Rennes, M. Montebourg recevait vendredi deux représentants de PSA Peugeot Citroën et deux représentants de Renault.
Aucune information n'a été donnée à la suite de la réunion de préparation du plan de relance de la filière, qui doit être présenté mercredi au Conseil des ministres. M. Montebourg qui en détaillera ensuite les mesures devant la presse à 16H30, a déjà prévenu qu'il exigerait des "contreparties" pour toute aide.
En amont de cette réunion, Jean-Marc Ayrault recevra lundi à 17h00 le président du directoire de PSA Peugeot Citroën Philippe Varin, a annoncé Matignon vendredi soir. Le patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn sera reçu quant à lui mercredi à 8h00 par le Premier ministre.
Le plan doit favoriser les constructeurs hexagonaux par un "soutien massif" aux véhicules propres, éventuellement via un renforcement du bonus malus écologique.
Côté PSA, le directeur général des marques Frédéric Saint-Geours et le directeur des affaires publiques Christian Peugeot ont été reçus vendredi, une rencontre sous tension après une passe d'armes entre le gouvernement et Thierry Peugeot, président du Conseil de surveillance.
"Mensonge" et "dissimulation"
Deux mots n'ont pas plu à M. Peugeot, qui l'a dit au Figaro: le "mensonge" dont le président François Hollande a accusé la direction de PSA qui aurait reporté l'ann
once du plan à l'après-présidentielle, et les "dissimulations" sur la santé de l'entreprise relevées par M. Montebourg.
M. Hollande avait déclaré le 14 juillet que le plan de restructuration était "en l'état inacceptable" et devait être "renégocié".
De son côté, M. Montebourg a déclaré avoir "un vrai problème sur la stratégie de Peugeot, l'alliance avec General Motors, le comportement de l'actionnaire", la famille Peugeot qui détient 25% du capital.
"C'est tout le groupe qui vit mal ces attaques et qui se sent visé", a dit M. Peugeot. "Nous sommes prêts à accepter la critique, mais il y a des limites", a-t-il ajouté, reconnaissant la "gravité du plan".
Ce même mercredi, un nouveau CCE sur les suppressions de postes se tiendra au siège parisien de PSA. Les syndicats d'Aulnay ont appelé à un rassemblement devant les locaux du constructeur.
C'est encore ce mercredi que PSA doit annoncer ses résultats semestriels et donner des précisions sur sa stratégie.
Vendredi, le ministre du Redressement productif devait aussi affronter le feu nourri de l'opposition, François Fillon l'accusant de jouer contre les intérêts d'une entreprise française.
"Montebourg, c'est l'arrière qui tire dans le dos de ceux qui sont au premier rang du combat" économique, a affirmé François Fillon, jugeant le gouvernement "irresponsable" dans ce dossier.
"Quelle est cette attitude qui consiste à taper sur une entreprise, à la dénoncer, à émettre des soupçons, alors que cette entreprise est aux premières loges dans le combat de la mondialisation ?", a-t-il demandé sur Europe 1.
"Mettre à ce point en cause l'image d'une entreprise (...) pour le plaisir d'expliquer que ça ne peut être que la faute d'un patron, comme on dit au PS, c'est menacer en fait des milliers d'entreprises, des milliers d'emplois", avait déclaré le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé, peu de temps auparavant sur France 2.
"Je dis attention! M. Montebourg est en train de porter atteinte à notre économie", a poursuivi Jean-François Copé, en raillant l'intitulé du portefeuille de M. Montebourg, ministre du Redressement productif: "Pour l'instant, il n'est pas en train de redresser grand-chose".