Le gouvernement allemand a démenti mercredi avoir "changé de position" concernant le sauvetage financier de Chypre, alors qu'un quotidien allemand affirmait que Berlin avait levé ses réserves.
"Il n'y a pas de nouvelle position allemande sur Chypre", a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, lors d'un point presse régulier, ajoutant que ces articles de presse "induisaient en erreur".
"L'Allemagne et ses partenaires européens n'ont pas encore pris de décision sur Chypre", a-t-il souligné.
Le porte-parole du ministère allemand des Finances, Martin Kotthaus, a abondé dans le même sens: "la position allemande sur Chypre n'a pas changé". "Nous sommes dans un processus de discussions", a-t-il ajouté.
Il a relevé que le président chypriote avait manifesté des réticences quant à des privatisations. "C'est alors difficile de s'entendre sur un protocole d'accord", a-t-il dit.
Etant donné les élections qui doivent avoir lieu en février à Chypre, M. Kotthaus a dit "partir du principe" que "l'eurogroupe pourrait réellement se pencher en profondeur sur l'aide à Chypre en mars".
Citant des "sources gouvernementales allemandes", le quotidien Süddeutsche Zeitung paru mercredi affirmait que Berlin avait levé ses réserves concernant une aide à Chypre, cédant à une "forte pression" des autres pays de la zone euro, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne (BCE).
Nicosie, dont l'économie a été très affectée par la crise grecque, est en discussion depuis juin avec le Fonds monétaire international (FMI), l'Union européenne (UE) et la BCE pour bénéficier d'un plan de sauvetage. Elle a estimé son besoin de financement à 17 milliards d'euros, dont 10 milliards pour renflouer ses banques.
Des responsables allemands ont critiqué ce plan d'aide et des médias en Allemagne ont relayé des informations décrivant l'île méditerranéenne comme un paradis pour des fonds douteux, venant notamment de mafieux russes.
Le gouvernement allemand a semblé mettre en doute ces dernières semaines le fait que Chypre, dont l'économie pèse moins de 1% du PIB de la zone euro, présentait un risque pour sa stabilité.
"Dans un premier temps, il faut vérifier si Chypre constitue un danger pour la zone euro dans son ensemble. C'est en effet l'une des conditions préalables pour que le Mécanisme européen de stabilité (MES) puisse être utilisé", avait expliqué la semaine dernière Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances.
"Il y a très peu de débats dans les autres pays de la zone euro pour savoir si Chypre présente un risque systémique, c'est un débat très allemand", a souligné récemment une source européenne.
Selon cette source, "en 2005, nous étions dans une situation normale, Chypre ne présentait pas de risque systémique. Mais aujourd'hui, nous ne sommes plus dans une situation normale, Chypre présente un risque systémique et il est important de ne pas répéter les erreurs faites avec la Grèce".