Le directeur général de l'assureur italien Generali, Giovanni Perissinotto, a été chassé samedi par les principaux actionnaires du groupe, mécontents de la chute de l'action et des résultats, et sera remplacé par Mario Greco, haut dirigeant de Zurich Insurance Group.
La "majorité" du conseil d'administration a décidé de "révoquer les pouvoirs conférés à Giovanni Perissinotto", qui était à la tête du groupe depuis 2001, en raison de "l'exigence" d'une "discontinuité" dans la gestion du groupe, a annoncé Generali dans un communiqué.
Lors d'un conseil d'administration sous haute tension à Milan, dix des seize administrateurs présents ont voté la motion de défiance à l'encontre de M. Perissinotto, tandis que cinq ont voté en faveur de son maintien et qu'un s'est abstenu, avait indiqué un peu plus tôt une source proche du dossier à l'AFP.
Afin de mettre en oeuvre cette "discontinuité", le conseil a "décidé de proposer à Mario Greco sa nomination au poste de directeur général", a ajouté Generali. Italien né en 1959, M. Greco est membre du comité exécutif de l'assureur suisse Zurich Insurance Group.
D'ici la nomination de M. Greco, l'intérim sera assuré par le président Gabriele Galateri di Genola.
M. Perissinotto, qui a fait toute sa carrière chez Generali, quitte le groupe mais restera en revanche membre du conseil.
Alors que le "Lion de Trieste", ville du nord-est de l'Italie où Generali a son siège, est un pilier du système financier italien, ce nouveau règlement de comptes replonge l'assureur dans la tourmente, à peine plus d'un an après l'éviction en avril 2011 de son président Cesare Geronzi, remplacé par M. Galateri di Genola.
En colère face à la chute de l'action et des résultats, Mediobanca, premier actionnaire avec 13,24% du capital, et de grands actionnaires privés comme le fondateur de Luxottica Leonardo Del Vecchio ou l'éditeur De Agostini, réclamaient le départ de M. Perissinotto. Le Français Vincent Bolloré, vice-président de Generali, s'est rangé de leur côté, selon une source proche du dossier.
Giovanni Perissinotto n'est plus le manager "approprié pour gérer Generali depuis longtemps", avait dénoncé vendredi M. Del Vecchio, qui détient 3% de Generali.
Le bénéfice net de Generali a fondu de près de 50% en 2011 tandis que l'action a chuté d'environ 30% depuis début 2012. Portée par l'annonce de la probable éviction du patron, elle a rebondi vendredi.
Convoqué mercredi par Mediobanca, M. Perissinotto avait refusé de démissionner, obligeant ses opposants à faire voter une motion de défiance.
Criant à l'injustice, il avait assuré vendredi que le groupe était "solide", qu'il disposait d'"indicateurs de performance parmi les meilleurs du marché" et que la chute de l'action n'était pas due à des erreurs de gestion mais à la forte exposition de l'assureur à la dette italienne.
Accusant Mediobanca de mettre "ses propres intérêts" au-dessus de ceux de Generali, il avait affirmé que la banque, qui soutient la fusion entre les assureurs FonSai et Unipol, voulait sa démission car il n'avait pas su dissuader le fonds Palladio, de l'un de ses proches, de faire une contre-offre.
Bien décidé à se battre, M. Perissinotto avait tenté le tout pour le tout, selon la presse, pour rallier d'autres soutiens alors qu'il disposait déjà notamment de l'appui du patron de Tod's, Diego Della Valle.
Furieux, M. Della Valle, qui a jugé que cette affaire allait miner "la crédibilité de notre pays sur les marchés internationaux", a annoncé sa démission du conseil d'administration.
"Tout le monde est inquiet pour l'avenir de la compagnie, espérons que le choix qui a été fait soit juste", a souligné de son côté Claudio De Conto, membre indépendant du conseil de Generali.