Les pays de la zone euro pourraient se contenter d'un renforcement a minima des moyens de leur Fonds de secours à la fin du mois du fait de la nette accalmie de la crise de la dette, a indiqué un responsable de l'Union monétaire sous couvert d'anonymat.
Une réunion des ministres des Finances de la zone euro prévue les 30 et 31 mars à Copenhague doit trancher cette question, sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui réclame un effort accru sur ce front.
L'option qui paraît désormais privilégiée consiste à afficher une enveloppe totale d'un peu moins de 700 milliards d'euros en incluant les prêts déjà en cours ou programmés pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal, a souligné cette source de haut rang.
"C'est l'option la plus probable car la moins ambitieuse", dit le responsable. "Il y a des pays qui sont toujours opposés" à l'idée d'un accroissement important des ressources du Fonds, dit-il en référence en particulier à l'Allemagne, "et d'autres qui n'ont pas encore pris position".
L'idée serait de doter comme prévu le mécanisme permanent de secours de la zone euro (MES) qui doit commencer à fonctionner en juillet de 500 milliards d'euros de capacité de prêts et d'y ajouter les 192 milliards d'euros de prêts que le Fonds de secours actuel temporaire (FESF) a déjà attribué ou a promis d'accorder aux trois pays sous assistance.
Ce serait déjà une forme d'augmentation du filet de sécurité dans la mesure où il est jusqu'ici prévu de retirer en juillet ces 192 milliards d'euros des 500 milliards d'euros de capacité de prêts du mécanisme permanent, ce qui ne lui laisserait que 308 milliards d'euros de disponibles.
Les ministres pourraient aussi décider de réexaminer la situation ultérieurement afin de laisser la porte ouverte à un effort supplémentaire à terme, selon la source.
Toutefois, les 500 milliards d'euros du MES ne seront pas immédiatement disponibles en juillet car les versement en capital prévus de la part des différents pays de la zone euro pour constituer cette enveloppe seront fait progressivement.
En réalité, il est prévu à ce stade que le MES soit doté la première année de 200 milliards d'euros seulement de capacité de prêts, le reste devant être comblé dans les trois années suivantes. Selon un diplomate européen proche du dossier, il n'est pas exclu que les pays de la zone euro décident d'accélérer encore leurs versements.
D'autres pistes, plus ambitieuses, ont été évoquées. Notamment celle consistant à ajouter aux 500 milliards d'euros du MES, les 250 milliards d'euros de capacité restante de prêts du FESF, pour atteindre 750 milliards d'euros, au moins de manière temporaire. Mais elle ne fait pas consensus à ce stade, même si les négociations entre pays sont toujours en cours.
L'Allemagne et d'autres pays sont d'autant moins enclins à mettre la main au portefeuille que la pression des marchés financiers s'est largement atténuée avec les progrès dans la résolution de la crise de la dette.
"Plus on aura d'argent (dans le Fonds de secours) mieux ce sera mais je ne pense pas qu'il y ait un besoin urgent d'accroître les montants dont nous pouvons disposer au travers du FESF et du MES", a ainsi déclaré cette semaine le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden.
Dans ces conditions, il n'est pas sûr que le FMI se sente pleinement rassuré. Il a réclamé un geste fort de la zone euro en échange d'un accroissement de ses propres ressources afin de venir en aide si nécessaire à l'Europe. Le FMI doit se pencher sur le sujet lors de sa réunion de printemps en avril à Washington.