La croissance économique du Portugal a dépassé toutes les attentes au premier trimestre 2017, affichant un plus haut depuis près de dix ans en glissement annuel (2,8%), une embellie tirée par le boom du tourisme et de l'immobilier.
Pour retrouver une telle croissance, il faut remonter au quatrième trimestre 2007, selon les chiffres publiés lundi par l'Institut national des statistiques (Ine). Comparé au trimestre précédent, le Produit intérieur brut (PIB) a également accéléré sa hausse, à 1%, contre 0,7%.
"Les bons chiffres de la croissance s'expliquent d'abord par le tourisme, grâce aux séjours de courte durée des étrangers qui sont en train d'exploser", a commenté à l'AFP le professeur d'économie Joao Duque. Et puis, "le boom immobilier, car le Portugal offre encore des prix raisonnables".
Les ventes de logements ont grimpé entre 20 et 25% en 2016, selon l'Association des agents immobiliers du Portugal, qui s'attend à une hausse de 30% cette année. Et une maison sur cinq est achetée par des étrangers, surtout des Français (27%) et des Britanniques (18%).
Le bond de la croissance au premier trimestre est dû à "l'accélération de l'investissement" et à la bonne tenue des exportations de biens et services, a détaillé l'Ine. Seul bémol, l'institut relève "une décélération de la consommation privée".
- 'Euphorie' -
La croissance a été dynamisée par le secteur touristique, qui a encore battu tous les records en 2016, avec des recettes de 12,7 milliards d'euros, en hausse de 10,7%, et 11,4 millions de visiteurs (+12,7%).
Et d'ici 2027, le Portugal compte doubler les recettes liées aux touristes étrangers.
"Les étrangers découvrent que le Portugal est un excellent pays pour passer ses vacances, sa retraite ou y posséder une résidence secondaire, ils y investissent massivement. Il y a une certaine euphorie", a expliqué à l'AFP Rui Barbara, économiste de Banco Carregosa.
Le tourisme a fourni un quart des emplois créés en 2016 au Portugal, dont le taux de chômage est descendu sous la barre des 10% en février, au plus bas depuis 2009. Pour l'ensemble de l'année, le gouvernement socialiste mise sur un taux à 9,9%, contre 11,1% l'an dernier.
Après une hausse du PIB de 1,4% en 2016, l’exécutif table sur une croissance à 1,8% cette année.
"Nous sommes sur la bonne voie. En améliorant les revenus des Portugais, on leur a redonné confiance, ce qui est indispensable à la croissance. Et le regard des marchés internationaux sur le Portugal change", s'est félicité lundi le Premier ministre, Antonio Costa.
- Déficit au plus bas -
Ce regain de croissance devrait aider le Portugal à sortir de la procédure de déficit excessif, un exploit très attendu par M. Costa, qui espère que Bruxelles prendra cette décision "dans les prochaines semaines".
Le gouvernement, arrivé au pouvoir en novembre 2015 grâce à une alliance avec des partis de gauche hostiles à l'austérité, a réussi le tour de force de ramener le déficit à 2% du PIB en 2016, au plus bas depuis 1974 et pour la première fois en dessous de la barre des 3% fixée par Bruxelles.
Pour y arriver, le Portugal a certes dû tailler dans l'investissement public, en chute de 30% en 2016. Mais l'alliance de la gauche a également tenu à redonner du pouvoir d'achat aux Portugais, en augmentant le salaire minimum et les prestations sociales.
Pour Joao Duque, "le gouvernement misait sur la consommation des ménages mais l'objectif n'est pas totalement rempli car elle reste faible. Pour autant, les importations ont augmenté, ce qui prouve que les Portugais ont plus de moyens".
Frappé de plein fouet par la crise de la dette de la zone euro, qui l'a obligé à demander un plan d'aide international à Bruxelles, le Portugal avait traversé trois années de récession avant de renouer avec la croissance en 2014.