Le deuxième mandat du Premier ministre indien Narendra Modi a débuté vendredi sur de mauvaises nouvelles économiques, avec l'annonce d'un fort ralentissement de la croissance et un taux de chômage au plus haut depuis 45 ans.
L'homme fort de l'Inde a été largement réélu à la tête du pays de 1,3 milliard d'habitants ce mois-ci après avoir fait campagne sur un discours sécuritaire et nationaliste, qui lui a permis de passer sous silence son bilan économique mitigé au cours des cinq dernières années.
La croissance de l'économie indienne a fortement ralenti au dernier trimestre de son exercice budgétaire 2018-2019, à 5,8% sur un an en janvier-mars, selon des chiffres officiels publiés vendredi.
Le PIB du géant d'Asie du Sud de 1,3 milliard d'habitants avait déjà déçu avec une décélération progressive au cours des deux précédents trimestres de l'exercice allant du 1er avril 2018 au 31 mars 2019. Sur le trimestre octobre-décembre, le taux de croissance s'était établi à 6,6% en glissement annuel.
Le chiffre du quatrième trimestre est inférieur à la prévision de 6,3% d'un panel de 30 économistes interrogés par l'agence Bloomberg.
Pour l'ensemble de l'exercice 2018-2019, le taux de croissance de l'Inde s'est établi à 6,8%, selon les statistiques officielles.
"Le ralentissement de la croissance montre que Modi doit s'attaquer à la crise rurale et se concentrer sur la dynamisation de l'activité économique et les créations d'emplois", a déclaré à l'AFP Ashutosh Datar, un économiste basé à Bombay.
Bien qu'enviable vu de l'extérieur, une croissance de ce niveau est considérée comme insuffisante par les économistes au vu du potentiel et des besoins de l'Inde.
- Nouvelle ministre des Finances -
Les observateurs estiment que la troisième économie d'Asie nécessite un taux de croissance de 8% ou plus pour parvenir à générer suffisamment d'emplois pour le million de jeunes qui entrent chaque mois sur son marché du travail.
Alors que le gouvernement nationaliste hindou n'avait publié aucune statistique de chômage depuis près de deux ans, au grand dam des analystes, des chiffres officiels finalement rendus publics vendredi ont révélé que le taux de chômage était de 6,1% en 2017-2018.
Selon la presse indienne, c'est un plus haut pour le chômage en Inde depuis 45 ans.
Ce chiffre pour la période juillet 2017-juin 2018 figurait dans un rapport gouvernemental au début de l'année, que les autorités n'avait pas publié mais dont le contenu avait filtré dans les journaux.
Narendra Modi a nommé vendredi Nirmala Sitharaman, ministre de la Défense dans le gouvernement sortant, au maroquin des Finances en remplacement d'Arun Jaitley. Ce dernier avait demandé à ne pas être reconduit en raison de problèmes de santé.
Ayant atteint 2.597 milliards de dollars, le PIB de l'Inde a dépassé fin 2017 celui de la France, permettant au pays de prendre la place de sixième économie du globe, juste derrière le Royaume-Uni. Son PIB par habitant reste toutefois nettement inférieur à celui de ces deux puissances européennes.
La précision et la crédibilité des chiffres de la croissance indienne font l'objet de débats au sein de la communauté économique, doutes qu'est venu nourrir un récent rapport d'une agence gouvernementale.
Des données rassemblées par le National Sample Survey Office (NSSO) d'Inde ont montré d'importants trous dans la façon dont sont calculés les chiffres de la croissance du géant asiatique.
D'après l'étude du NSSO, plus d'un tiers des entreprises incluses dans une base de données pour calculer la performance économique de l'Inde sont "fermées, hors du champ de couverture ou intraçables".