Le président Vladimir Poutine a réfuté jeudi toute intention d'introduire des "sanctions" contre l'Ukraine après sa décision de suspendre la zone de libre-échange liant les deux pays, assurant que Moscou n'avait pas d'autre choix vu le rapprochement entre Kiev et l'Union européenne.
"Nous ne comptons pas introduire de quelconques sanctions contre l'Ukraine", a martelé le président russe lors de sa conférence de presse annuelle.
M. Poutine a signé mercredi un décret qui suspend à partir du 1er janvier, date de l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre Kiev et Bruxelles, l'application à l'Ukraine d'un traité de 2011 qui instaurait des tarifs douaniers préférentiels entre plusieurs ex-républiques soviétiques.
Dans la pratique, les marchandises en provenance du territoire ukrainien ne pourront pas passer la frontière russe en bénéficiant de droits de douane nuls mais seront soumis à des droits de douane d'environ 7% en moyenne, a expliqué le président russe.
"Cela n'est pas notre choix, nous nous sommes battus pour que cela n'arrive pas mais on n'a pas voulu nous écouter", a-t-il assuré, jugeant que Kiev avait décidé "unilatéralement" de quitter la zone de libre-échange avec la Russie en se rapprochant de Bruxelles.
Selon lui, l'accord avec l'UE impose notamment aux marchandises en Ukraine de respecter la règlementation européenne, ce qui n'est pas le cas des marchandises russes. "Que va-t-il se passer, ils vont les jeter?", s'est interrogé M. Poutine.
La Russie estime en outre que l'accord risque d'inonder son marché de produits européens, ce que réfute Bruxelles.
Pour répondre aux inquiétudes de Moscou, l'UE a organisé, sans succès, de nombreuses négociations et de nouveaux pourparlers sont prévus lundi.
Faute d'accord, la Russie compte étendre à l'Ukraine au 1er janvier l'embargo déjà appliqué aux pays occidentaux qui la sanctionnent pour son implication présumée dans la crise ukrainienne.
A Bruxelles mercredi, le président ukrainien Petro Porochenko a reconnu que la suspension par Moscou des tarifs préférentiels allait "porter préjudice" à l'économie ukrainienne. "Nous sommes prêts à payer le prix pour notre liberté et notre choix européen", a-t-il lancé.
Le refus de l'ex-président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch de signer l'accord avec l'UE fin 2013 avait été à l'origine du mouvement de contestation pro-occidental à Kiev qui avait abouti à sa fuite en Russie. Son départ a été suivie de l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie puis du conflit avec des séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine, qui a fait plus de 9.000 morts.