par Anne Marie Roantree et Venus Wu
HONG KONG (Reuters) - Le Fonds monétaire international (FMI) est optimiste quant aux perspectives de croissance mondiale mais des nuages plus sombres se profilent à l'horizon en raison de l'allègement des mesures de relance de l'économie et de la hausse des taux d'intérêt, a déclaré mercredi sa directrice générale, Christine Lagarde.
Dans un discours prononcé à Hong Kong, Christine Lagarde a estimé que les principales priorités pour l'économie mondiale consistaient à éviter le protectionnisme, à se prémunir contre les risques financiers et à favoriser la croissance à long terme.
Elle s'exprimait alors que les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ont créé un climat d'incertitude pour les entreprises.
"L'histoire montre que les restrictions sur les importations nuisent à tout le monde, et particulièrement aux consommateurs les plus pauvres", a-t-elle dit.
"Elles conduisent non seulement à des produits plus chers à des choix plus limités, mais elles empêchent également le commerce de jouer son rôle essentiel dans la stimulation de la productivité et la diffusion des nouvelles technologies."
La meilleure façon de s'attaquer aux déséquilibres mondiaux est de mettre en place des politiques budgétaires ou des réformes structurelles, a-t-elle poursuivi.
Pour Christine Lagarde, les pays doivent s'engager à respecter des règles du jeu équitables et à résoudre leurs différends sans recourir à des mesures exceptionnelles. Jeter à bas les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) constituerait selon elle "un inexcusable échec politique collectif."
En 2018 et 2019, prédit le FMI, la reprise finira par ralentir en raison de la fin des mesures de relance budgétaire, du mouvement de hausse des taux d'intérêt et du durcissement des conditions de crédit.
LA DETTE MONDIALE À UN RECORD
Selon une nouvelle étude du FMI, la dette mondiale a atteint un record de 164.000 milliards de dollars (133.000 milliards d'euros), soit 40% de plus qu'en 2007, la Chine représentant un peu plus de la moitié de cette augmentation.
Christine Lagarde a estimé que des économies étaient nécessaires pour réduire les déficits publics, renforcer les cadres budgétaires et placer l'endettement public sur une trajectoire descendante progressive.
"Renforcer la stabilité financière en augmentant les protections dans les secteurs des entreprises et des banques est essentiel, particulièrement dans les grandes économies émergentes comme la Chine et l'Inde", a-t-elle ajouté.
Les marchés immobiliers dans les grandes villes évoluent de plus en plus ensemble, a-t-elle relevé, soulignant que cela pourrait amplifier n'importe choc financier et macroéconomique venant d'un pays.
La directrice générale du FMI s'exprimait après avoir assisté au Forum de Boao pour l'Asie, durant lequel elle a déclaré que la reprise économique mondiale s'enracinait.
(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)