Deutsche Bank a annoncé mardi un plan d'économies de 3 milliards d'euros prévoyant la suppression de 1.900 postes, principalement dans sa division de banque d'investissement, et a reconnu une implication de quelques-uns de ses employés dans le scandale du Libor.
Sur les 1.900 postes condamnés, 1.500 le seront dans la banque d'investissement, la principale division du groupe pilotée depuis Londres, qui est aussi la plus sensible aux retournements de conjoncture. Le gros des suppressions de postes devra être réalisé d'ici la fin de l'année.
"Un changement de culture dans la banque d'investissement est impératif", a déclaré Anshu Jain, l'un des deux patrons de la banque, lors d'une conférence téléphonique, évoquant notamment la nécessité de rendre les rémunérations des salariés et des actionnaires "soutenables sur le long terme".
"Nous devons calibrer la taille de notre banque d'investissement en fonction de l'évolution de la situation des marchés", a ajouté l'Anglo-Indien, tout en louant "l'excellence de la plateforme" de banque d'investissement du groupe, qui entend rester l'une des meilleures au monde.
Ces suppressions de postes devront permettre de dégager des économies de coûts de 350 millions d'euros. Et l'intégration de Postbank, déjà en cours, devrait permettre de dégager 500 millions d'euros d'économies sur le total de 3 milliards d'euros.
Le premier groupe bancaire allemand suit ainsi l'exemple de nombre de ses concurrents en Europe, de HSBC à Credit Suisse et UBS en passant par Royal Bank of Scotland, qui prévoient de supprimer des milliers d'emplois dans la banque d'investissement notamment et de réduire encore leurs actifs à risques.
Deutsche Bank prévoit aussi des changements de son modèle d'activité et veut continuer à se séparer d'actifs à risques. Des mesures pour réduire ces derniers de 29 milliards d'euros et pour doper ses capitaux propres sans augmenter son capital sont en cours de préparation, a poursuivi M. Jain, promettant plus de détails en septembre.
Enquête interne sur le Libor
Au deuxième trimestre les résultats de Deutsche Bank, dont les grandes lignes avaient déjà été dévoilées mardi dernier, ont été décevants avec un bénéfice net de 650 millions d'euros, presque divisé par deux sur un an et encore davantage sur un trimestre.
"La crise européenne de la dette continue de saper la confiance des investisseurs et les activités des clients dans toutes les divisions", ont expliqué ses deux co-directeurs Anshu Jain et Jürgen Fitschen. Le repli de l'euro face au dollar a particulièrement joué en défaveur de la banque.
Deutsche Bank s'est aussi exprimé mardi pour la première fois officiellement sur la manipulation du taux de prêt interbancaire Libor. Le groupe a confirmé que quelques-uns de ses employés "n'ont pas respecté les règles" de la banque et avaient "agi de leur propre chef", selon les premiers éléments d'une enquête interne.
Deux de ses employés soupçonnés d'avoir participé d'une manière ou d'une autre à la manipulation du Libor, énorme scandale financier qui a touché de plein fouet la banque britannique Barclays mais qui inquiète aussi d'autres grandes banques internationales, ont été suspendus dès 2011, selon les médias.
Un porte-parole interrogé par l'AFP a confirmé que les deux employés mentionnés par la presse ne faisaient plus partie du groupe, sans pouvoir en dire davantage.
"Aucun membre du directoire, ancien ou actuellement en poste" n'est impliqué dans l'affaire, a précisé le président du conseil de surveillance Paul Achleitner dans une lettre au personnel du groupe.
L'établissement de Francfort (ouest) fait face à une série de plaintes aux Etats-Unis sur le Libor et fait aussi l'objet d'une enquête du gendarme financier allemand BaFin, épaulé par la Banque centrale allemande, la Bundesbank.
A 13H53 GMT, à l'issue de ces différentes annonces, le titre de Deustche Bank progressait légèrement, de 0,24% à 24,88 euros dans un indice Dax en recul de 0,07%.