par Stanley White et Leika Kihara
Tokyo (Reuters) - L'économie japonaise a connu au troisième trimestre une croissance plus forte qu'attendu, à la faveur notamment de la bonne tenue des exportations du pays, qui, avec un septième trimestre de suite de hausse du PIB, enregistre sa plus longue période d'expansion depuis plus de dix ans.
Selon les données publiées mercredi par le gouvernement japonais, le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 1,4% en rythme annualisé sur la période juillet-septembre, alors que les économistes interrogés par Reuters avaient anticipé une progression de 1,3%.
Au trimestre précédent, la croissance était ressortie à 2,6% (chiffre révisé), toujours en rythme annualisé.
Les dépenses de consommation ont chuté pour la première fois en sept trimestres mais ce repli est vu comme étant temporaire au vu d'une situation de plein emploi qui devrait doper la consommation des ménages dans un avenir proche.
La hausse des dépenses d'investissement et des exportations devraient également continuer à soutenir la croissance de la troisième économie mondiale, ce qui devrait contribuer à dissiper les doutes concernant la faiblesse de l'inflation.
"Le taux de croissance potentiel du Japon est autour de 1% donc les résultats du troisième trimestre montrent que le taux effectif de croissance est plutôt élevé", explique Hidenobu Tokuda, économiste chez l'Institut de recherche Mizuho.
"Le marché de l'emploi se porte tellement bien que les dépenses de consommation vont à coup sûr reprendre. Les dépenses d'investissement ont toujours l'air solides. L'économie va bien."
Le PIB a augmenté de 0,3% par rapport au précédent trimestre ce qui est conforme à la moyenne prévue, alors que la hausse était de 0,6% d'un trimestre à l'autre sur la période avril-juin.
L'ÉCONOMIE DEVRAIT ÉGALEMENT CROÎTRE AU 4E TRIMESTRE
Les livraisons de voitures et de composants électroniques vers les Etats-Unis et l'Asie ont été soutenues durant le troisième trimestre, ce qui reflète la bonne tenue de la demande mondiale, montrent les données officielles.
A titre de comparaison, une demande externe défavorable avait amputé le PIB du deuxième trimestre de 0,2 point de pourcentage.
La consommation des ménages, qui représente environ deux tiers du PIB, a baissé de 0,5% par rapport au trimestre précédent, soit au-delà du recul estimé en moyenne à 0,3% par les économistes, ce qui constitue le premier déclin de son poste depuis le dernier trimestre 2015.
Ce déclin est la conséquence de dépenses en baisse dans les restaurants et les hôtels, ainsi que de la diminution des achats de voitures et de téléphones portables, note un responsable gouvernemental. Une météo défavorable a peut-être également porté préjudice à la consommation, a-t-il ajouté.
"Notre point de vue, selon lequel la tendance est à une reprise modérée de l'économie, ne change pas", a souligné le ministre japonais de l'Economie Toshimitsu Motegi.
"Nous devons faire en sorte que cette reprise dure, afin de pouvoir faire avancer des réformes destinées à dynamiser la productivité du Japon", a poursuivi le ministre.
Selon l'économiste Marcel Thielant, spécialiste du Japon chez Capital Economics, les données publiées ce mercredi suggèrent que l'activité économique va continuer à croître lors du trimestre en cours, notamment grâce à une demande externe qui devrait reste soutenue.
"Cependant, l'économie se dirige vers des limites en terme de capacités, ce qui suggère que la croissance va commencer à ralentir l'année prochaine. Nous renouvelons notre estimation d'une croissance à hauteur de 1% en 2019 contre 1,5% cette année", a-t-il dit.
Le gouvernement japonais a prévu d'annoncer avant la fin de l'année un lot de mesures économiques visant à accroître les investissements dans les formations professionnelles et à améliorer la productivité.
(Jean Terzian pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)