Le marché allemand du travail a fini l'année 2013 sur une note positive, avec un recul du nombre de chômeurs inattendu au mois de décembre et un taux de chômage bas, qui devrait encore reculer en 2014.Selon un chiffre corrigé des variations saisonnières (CVS) publié mardi par l'Agence fédérale pour l'emploi, le taux de chômage en Allemagne est resté en décembre inchangé sur un mois à 6,9%, comme escompté par le consensus d'analystes de Dow Jones Newswires."Il n'est pas loin de son plus bas niveau en 20 ans, de 6,7%, enregistré en mai 2012", a souligné Caroline Newhouse, analyste de la banque BNP Paribas.La bonne surprise est venue du nombre de chômeurs, qui a reculé de 15.000 en décembre alors qu'il était attendu stable. "Il s'agit de la baisse mensuelle la plus prononcée depuis deux ans et la première depuis juillet", s'est félicité Christian Schulz, de la banque Berenberg.Encore mieux, aux yeux de ce dernier: "Les employeurs allemands ont créé 242.000 emplois entre novembre 2012 et novembre 2013" et les emplois donnant lieu à des cotisations sociales ont nettement progressé. Ce qui signifie que "la tendance qui voit les emplois temporaires et mal payés convertis en emplois permanents et mieux payés se poursuit". Une évolution qui devrait satisfaire entre autres les syndicats, ces derniers dénonçant régulièrement l'explosion des très bas salaires et des emplois précaires dans certains secteurs. En données brutes, jugées moins représentatives par les économistes mais qui font référence dans le débat public, le taux de chômage a progressé, à 6,7% contre 6,5% en novembre. La hausse mensuelle fréquemment observée en décembre a cependant été moins importante qu'à l'habitude, relève Christiane Berg, de BayernLB, grâce au climat doux qui a épargné les emplois dans l'agriculture et le BTP en fin d'année.Pour l'ensemble de l'année 2013, le taux de chômage brut en Allemagne a légèrement augmenté à 6,9% contre 6,8% enregistré en 2012.Ces chiffres cachent cependant la persistance de disparités régionales.Tandis que certains Länder sont en situation de quasi plein-emploi, comme la Bavière (3,8%) ou le Bade-Wurtemberg (4,1%) dans le sud, d'autres restent à la peine comme la ville-Etat de Berlin ou l'Etat régional du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, dans le nord-est, qui enregistrent tous deux un taux brut de 11,7%.La situation tend cependant à s'améliorer dans l'ancienne RDA où le chômage a reculé contrairement à l'ouest du pays. Berlin signe ainsi son taux de chômage le plus faible depuis 1994.Des chômeurs toujours sur la touche"Les chiffres d'aujourd'hui (...) me rendent très confiante, a réagi Andrea Nahles, ministre social-démocrate du Travail. Ils montrent que la situation de l'emploi en Allemagne continue d'être robuste".La ministre a toutefois mis en garde contre la persistance de problèmes structurels. "L'emploi progresse mais le chômage aussi. C'est pourquoi nous devons tâcher de donner une nouvelle chance aux personnes qui sont au chômage depuis longtemps", a-t-elle préconisé.En effet, les créations d'emploi ont augmenté en 2013 sans permettre de réduire le nombre de chômeurs, en hausse de 53.000 sur un an à 2,95 millions."Les entreprises ont des difficultés à trouver les qualifications qu'ils recherchent parmi les chômeurs", explique M. Schulz, de Berenberg. Beaucoup d'entre elles font donc appel aux "réserves silencieuses", ces personnes (souvent des femmes) non inscrites au chômage, ainsi qu'aux immigrés.Le manque de main d’œuvre qualifiée reste criant dans la première économie européenne, qui cherche à attirer du personnel étranger pour satisfaire les besoins dans des secteurs aussi variés que l'électronique, la machine-outil, la logistique ou la santé."Solide comme un roc", selon les termes de Johannes Gareis, de Natixis, le marché du travail incite les ménages à consommer et tire la croissance allemande. En 2014, il devrait encore se renforcer."Il a bien résisté au ralentissement passé de la croissance mondiale et devrait bénéficier de la reprise actuelle", juge Mme Newhouse. Son confrère de Postbank, Heinrich Bayer, estime même que le taux de chômage pourrait reculer à 6,5% d'ici la fin 2014, oubliant le spectre agité le mois dernier par certains économistes d'une cassure liée à l'introduction à partir de 2015 d'un salaire minimum de 8,50 euros de l'heure au niveau national.