par Corina Pons
CARACAS (Reuters) - Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé mardi un plan de relance de l'économie en six mois alors que le pays, touché de plein fouet par la chute des cours mondiaux du pétrole, est entré en récession en 2014 et que l'inflation flirte avec les 64%.
"2015 sera une année de reprise économique, de grande transformation économique", a promis le successeur d'Hugo Chavez lors d'une conférence de presse.
Mais Maduro n'a pas détaillé son plan de relance, sinon pour indiquer qu'il viserait à réduire les liquidités qui alimentent l'inflation, à accroître les réserves de changes, à réduire les coûts et à réformer le très complexe système de changes. "Nous allons perfectionner le système monétaire", a-t-il dit.
D'après les statistiques que la Banque centrale s'est finalement décidée à publier mardi après les avoir différées toute l'année, le Venezuela est officiellement entré en récession après avoir connu trois trimestres consécutifs de contraction de son produit intérieur brut (PIB) - 4,8% sur un an au premier trimestre, avant de nouvelles baisses de 4,9% au deuxième trimestre puis de 2,3% au troisième.
Le taux annuel d'inflation a atteint lui 63,6% en novembre, soit le plus élevé du continent américain.
Le gouvernement accuse ses adversaires, qui ont manifesté pendant quatre mois cette année, d'entraver le développement économique du Venezuela, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les violences liées à ces manifestations de l'opposition ont fait 43 morts.
"Ces actions contre l'ordre public ont bloqué la distribution correcte des biens de nécessité à la population ainsi que le développement normal de la production de biens et de services", juge la banque centrale dans le communiqué annonçant les chiffres du PIB.
"Cela a débouché sur un pic inflationniste et une chute de l'activité économique", ajoute-t-elle.
"IL NE SAIT PAS QUOI FAIRE"
Les adversaires du gouvernement pensent au contraire que la situation actuelle est le fruit de quinze années de pouvoir socialiste dirigé d'abord par Hugo Chavez puis par Nicolas Maduro.
"Une fois de plus, pas d'annonces", a déclaré l'opposant Henrique Capriles après la conférence de presse de Maduro. "Il ne sait pas quoi faire. Aujourd'hui, il est clair pour tous les Vénézuéliens qu'avec Nicolas, nous n'échapperons pas au chaos", a-t-il ajouté.
Le Venezuela, dont la dernière récession remontait à 2009-2010, a été handicapé par la chute des cours du pétrole: ses exportations de brut représentent en effet 96% de ses revenus en devises fortes, et le brut vénézuélien a perdu la moitié de sa valeur depuis juin, à 46 dollars le baril.
"En dépit des manifestations et de la guerre économique de 2014, les indicateurs économiques du Venezuela se sont améliorés", a affirmé Maduro lors de sa conférence de presse, s'appuyant sur d'autres données de la banque centrale, comme le recul de l'extrême pauvreté à 5,4% des ménages en 2014 - moitié moins qu'à l'arrivée de Chavez au pouvoir en 1999 - et la baisse du chômage à 5,9% de la population active.
(avec Andrew Cawthorne et Diego Ore; Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français)