WASHINGTON (Reuters) - Les signes d'un ralentissement de l'activité économique aux Etats-Unis en début d'année se multiplient avant la tenue de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale dont il est pourtant attendu qu'elle marque une nouvelle étape sur la voie de la normalisation monétaire.
La production manufacturière a reculé pour le troisième mois consécutif en février, diminuant de 0,2% par rapport au mois précédent pour lequel la baisse a été révisée à 0,3%.
"La reprise semble être entrée dans une phase moins dynamique", a déclaré Millan Mulraine, un économiste de TD Securites.
L'économie américaine a marqué le pas au cours des derniers mois sous l'effet d'une météo rigoureuse, de la vigueur du dollar et de l'affaiblissement de la demande extérieure. Le conflit dans les ports de la cote Ouest, désormais résolu, a aussi pesé sur l'activité.
Les derniers indicateurs publiés, des ventes de détail à la production manufacturière en passant par les mises en chantier de logements, ont été décevants et ont poussé les économistes à abaisser leurs prévisions de croissance pour les trois premiers mois de l'année, jusqu'à 1,2% en rythme annualisé pour certains d'entre eux.
Ils avaient anticipé en moyenne une croissance de 0,1% de la production manufacturière en février, mois au cours duquel la seule production automobile a chuté de 3%. Mais, de nombreuses autres branches ont enregistré une diminution de leur production.
Le tassement semble devoir se confirmer ce mois-ci. La croissance de l'activité industrielle dans la région de New York a, contre toute attente, ralenti pour le deuxième mois d'affilée en mars, en raison notamment du recul le plus marqué des nouvelles commandes depuis novembre 2013.
L'indice dit "Empire State" est ressorti à 6,90 pour mars après 7,78 février. Les économistes interrogés par Reuters attendaient un indice à 8,0 en mars. Un indice au-dessus de zéro témoigne d'une croissance de l'activité.
"L'industrie manufacturière a démarré l'année 2015 sur un rythme plus faible que nous ne l'anticipions et si nous ne voyons pas de reprise dans les prochains mois nous devrons envisager d'abaisser notre prévision d'une croissance de 3% du PIB en termes réels pour 2015", a dit John Ryding, économiste de RDQ Economics.
Dans le secteur de l'immobilier, la confiance des promoteurs s'est tassée en mars pour le troisième mois consécutif également, même si une majorité d'entre eux continue de juger les conditions de marché favorables.
L'indice NAHB/Wells Fargo ressort à 53 ce mois-ci contre 55 en février alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une amélioration à 56.
Wall Street a ignoré ses contre-performances, reprenant sa hausse à la faveur d'un léger affaiblissement du dollar et d'une détente des rendements des Treasuries.
Le dollar a reculé contre un panier des devises des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, les indicateurs moins bons qu'attendu réduisant la probabilité d'un premier relèvement depuis 2006 de ses taux directeurs par la Fed dès le mois de juin.
Les membres du comité de politique monétaire de la banque centrale se réunissent mardi et mercredi et les investisseurs s'attendent à ce que le communiqué publié à l'issue de leurs échanges renonce à évoquer la nécessité d'une politique de taux "patiente", ce qui donnerait le signal d'une prochaine remontée des taux.
(Lucia Mukitani, Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)