Les soldes d'hiver, qui débutent mercredi, sont à ce point concurrencés par la généralisation des ventes privées post-Noël et le succès du "Black Friday" de fin novembre que le ministère de l'économie pourrait annoncer très vite des réformes pour éventuellement en réduire la durée.
Noël à peine terminé, les enseignes commerciales ont enchaîné avec l'envoi de mails et de SMS à leurs clients les plus fidèles pour les inviter à leurs "journées privilèges", avec des réductions allant jusqu'à 50% pendant 15 jours, jusqu'à la veille des soldes.
Car rien n'est trop beau pour faire dépenser aux Français leurs étrennes, treizièmes mois et autres billets reçus au pied du sapin de Noël, quitte à ce que les soldes, qui arrivent très tard cette année, ne fassent plus autant recette qu'avant.
Face à cette confusion, et pressé par des commerçants désireux d'en améliorer l'organisation, le ministre de l'économie Bruno Le Maire avait annoncé à l'été 2017 l'ouverture "d'une concertation".
"Les soldes restent un moment important" mais l'organisation actuelle "n'est pas satisfaisante", avait-il estimé le 28 juin.
M. Le Maire avait alors avancé quelques pistes, comme raccourcir la période de soldes ou avancer à début janvier celles d'hiver, pour se rapprocher par exemple du "Boxing Day" anglais, férié le lendemain de Noël. Aux Etats-Unis, les soldes du "Black Friday", ont lieu au lendemain de Thank's giving, fêtée le 4e jeudi de novembre.
- Evolution sans révolution -
Contacté par l'AFP, Bercy a expliqué que "quelques annonces" seront "sûrement" faites à cette occasion.
"Notre système actuel, très franco-français, doit être révisé mais il est nécessaire de conserver ce temps fort commercial", qui représente encore 20% du marché du secteur textile, explique à l'AFP Yves Marin, expert consommation du cabinet Wavestone.
Selon lui, Bercy devrait annoncer "des pas en avant, mais mesurés, une évolution sans révolution", dans un contexte compliqué, le marché du textile restant "fragile et tendu", avec des baisses du chiffre d'affaires en valeur de l'ordre de 18 à 20% depuis 2008.
En attendant, les soldes dureront encore cinq semaines cet hiver, jusqu'au mardi 20 février, sauf dérogation dans l'est et en outre-mer.
Pour Jean-Marc Megnin, directeur général chez Altavia/shopperMind, groupe spécialisé dans la communication commerciale et les tendance du commerce, une réforme opportune serait justement de réduire leur durée.
Les clients entendent désormais "profiter (de réductions) sur de plus courtes périodes mais plus importantes", explique-t-il à l'AFP.
Pour M. Megnin, ce changement de comportement des consommateurs exige des distributeurs un travail en amont avec leurs fournisseurs afin de créer de "gros temps forts" aux "fortes dégriffes" plus attractives que des soldes, "dont la stratégie d'écoulement de fin de saison" est dépassée.
Interrogée par l'AFP, la directrice des Galeries Lafayette Haussmann, Agnès Vigneron, souhaiterait quant à elle "une date plus fixe, au plus près du jour de l'An, pour donner un vrai rendez-vous aux clients" l'hiver.
- Toujours plus sur internet -
En attendant de possibles réformes, qu'attendre de ces soldes d'hiver 2018?
"Grâce à un Black Friday qui a bien fonctionné et un +bon+ Noël, les commerçants n'ont pas trop de stocks, on s'attend donc à un petit cru", estime M. Marin, sachant déjà que 2017 avait été en recul (-7%) par rapport à 2016.
Les soldes se feront en revanche de plus en plus sur le Web: selon un sondage réalisé par l'Ifop pour le site de vente de chaussures Spartoo, les intentions d'achats sur internet des Français ont augmenté de trois points en trois ans.
Pour l'institut, "45% des Français interrogés considèrent qu'internet sera le lieu idéal pour réaliser les meilleures affaires", devant les centres commerciaux (23%), les boutiques de centre-ville (14%), les grands magasins (12%) et les supermarchés (6%).
Les Français ont prévu de dépenser en moyenne 195 euros, un budget équivalent à celui de l'hiver dernier, à 2 euros près, ajoute l'Ifop.
Sachant que ces achats, majoritairement des vêtements, dépendent également beaucoup de la météo, note M. Marin. Or, pour l'instant, elle est plutôt clémente, ce qui n'augure pas un bon démarrage.
Pas de quoi inquiéter Agnès Vigneron: "la pluie (plutôt que le froid sec, ndlr), ça fait venir du monde dans les magasins!".