Seule une petite majorité de Français considère que payer l'impôt est un "devoir citoyen" et une grande partie d'entre eux jugent que l'argent public est mal utilisé, selon une étude d'Opinion Way pour la plateforme de prêts participatifs Finsquare publiée lundi.
"La majorité des Français interrogés dans le cadre de cette étude ne remettent pas fondamentalement en cause le principe de l'impôt: pour 56% d'entre eux, payer l'impôt est un devoir citoyen, c'est-à-dire une obligation morale de contribuer financièrement à ce qui fonde le vivre ensemble et garantit la cohésion de la société", souligne Finsquare dans un communiqué.
Mais une "forte minorité" (37%) perçoit l'impôt comme une "extorsion de fonds", affirme Opinion Way, qui suggérait les réponses aux personnes interrogées. "C'est un terme que nous avons voulu volontairement très dur, pour +caractériser+ les réponses", a expliqué Frédéric Micheau, directeur des études de l'institut de sondage, au cours d'une présentation de l'étude à la presse.
De façon paradoxale, cette proportion atteint 50% chez ceux qui ne paient pas d'impôt sur le revenu. Elle monte à 56% chez ceux qui gagnent moins de 1.000 euros par mois et 61% chez les personnes se déclarant politiquement proches du Front national.
La dernière réponse suggérée, qui définit l'impôt comme un "geste de solidarité", n'a elle été choisie que par 6% des personnes interrogées, et ne dépasse 10% dans aucune catégorie, a ajouté M. Micheau.
"Depuis 2008, les pouvoirs publics n'ont cessé d'en appeler à l'effort collectif pour redresser la situation économique du pays. Mais, concrètement, pour les gens, cela s'est traduit par une pression fiscale accrue et non par une amélioration de la situation", analyse Polexandre Joly, co-fondateur et directeur général de Finsquare, cité dans le communiqué.
84% des personnes interrogées pensent par ailleurs que les pouvoirs publics gaspillent l'argent des impôts et 73% préféreraient choisir elles-mêmes comment est affecté l'argent des impôts. Une préférence majoritaire (56%) même chez les sympathisants de gauche, souligne M. Micheau, qui y voit une faille dans l'adhésion au principe de démocratie représentative.
Une majorité (56%) se dit même prête à aider financièrement les entreprises qui se trouvent près de chez eux, en prenant des parts dans leur capital (40%), en leur prêtant de l'argent (20%) et même en leur faisant des dons (2%).
Les Français "font toujours preuve de solidarité économique, mais elle s'exprime par d'autres canaux", a estimé Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank. L'aspect local, collaboratif et le fait de trouver un sens dans leurs actions jouent un rôle croissant, a-t-il ajouté.
L'étude a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1.012 personnes, interrogées sur internet les 5 et 6 novembre.