Le constructeur aéronautique américain Boeing a effectué vendredi un dernier vol d'essai sur l'un de ses 787 "Dreamliner" en vue d'obtenir la certification des modifications apportées à ses batteries, à l'origine de l'interdiction de vol mondiale de l'appareil.
"Boeing a finalisé un vol" d'essai du 787 qui marque "la fin des tests de certification du nouveau système de batteries" de l'appareil, "tels qu'ils ont été requis par l'Agence fédérale de l'Aviation (FAA)" a expliqué le constructeur dans un communiqué à l'issue du vol.
"L'avion a décollé de Paine Field à Everett, dans l'Etat de Washington (nord-ouest des Etats-Unis) à 10H39 heure locale (17H39 GMT) avec à bord 11 personnes dont deux représentants de la FAA. L'avion a volé pendant une heure et 49 minutes, atterrissant à 12H28 (19H28 GMT) à Paine Field", détaille Boeing.
"L'équipage a indiqué que le plan de démonstration en vue de la certification s'était déroulé comme prévu et que le vol avait été normal. Le but du vol était de démontrer que le nouveau système de batteries fonctionne pendant les conditions normales ou anormales de vol", poursuit-il.
"Boeing va à présent rassembler et analyser les données et soumettre les documents requis à la FAA (...) dans les jours qui viennent", ajoute le constructeur.
Le 787, dernier né de Boeing, a été cloué au sol par les autorités dans le monde entier le 17 janvier à la suite de deux incidents sur ces batteries: un incendie le 7 janvier à Boston et une surchauffe incontrôlable ayant entraîné un atterrissage d'urgence au Japon le 16 janvier.
Les enquêteurs dans ces deux pays tentent toujours de déterminer les causes exactes de ces problèmes, même s'ils ont mis en lumière des éléments clés.
Les autorités américaines avaient autorisé le groupe à la mi-mars à tester les solutions qu'il propose pour régler les problèmes de batterie, avec notamment des tests en vol.
"D'après ce que je comprends, Boeing espérait voir son avion revoler d'ici fin avril. Evidemment ça ne dépend pas de lui mais de la FAA", l'agence fédérale de l'Aviation, a commenté Paul Thomas, analyste en aéronautique pour LEK Consulting.
La FAA n'a pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP vendredi. L'agence fédérale de sécurité des transports (NTSB) avait pour sa part critiqué Boeing pour s'être montré publiquement trop optimiste sur le fait que le 787 revolerait bientôt.
Pour M. Thomas, Boeing ne devrait pas pâtir à long terme de ses déboires sur la batterie lithium-ion de son 787.
"La dernière fois que quelque chose de similaire est arrivé, c'est avec l'Airbus A380 de Qantas, qui a nécessité de faire des modifications sur l'avion. Les gens ont oublié très vite" ces incidents, a-t-il expliqué à l'AFP.
En novembre 2010, un A380 de la compagnie australienne Qantas avait dû procéder à un atterrissage d'urgence à la suite d'une panne de moteur en vol.
Les problèmes du 787, avion très innovant et beaucoup plus économe en kérosène que ses précécesseurs, n'ont pas entraîné d'annulations de commandes.
Reste à savoir combien pourrait coûter à Boeing l'indemnisation des compagnies aériennes qui ont lourdement pâti de l'interdiction de vol du 787: les japonaises ANA et Japan Airlines ont dû annuler des milliers de vols et entendent être dédomagées.
Pour Eric Hugel, analyste de S&P Capital IQ, l'impact financier pour Boeing dépendra aussi de savoir si, une fois que le 787 revolera, "il sera en mesure d'obtenir une certification étendue" pour être en mesure de faire des vols transpacifiques très longs, comme le constructeur l'a probablement promis aux compagnies aériennes clientes. Sans quoi, il fait face là aussi à des demandes d'indemnisations, juge-t-il.
L'action de Boeing a pris 1,44% à 86,17 dollars vendredi.