par Jonathan Cable
LONDRES (Reuters) - L'activité manufacturière dans la zone euro a terminé 2014 sur une note mitigée, les nouvelles commandes et l'emploi n'ayant enregistré qu'une croissance modérée, montrent vendredi les résultats définitifs des enquêtes mensuelles de Markit.
La faiblesse continue de l'activité industrielle pourrait fournir un argument supplémentaire à la Banque centrale européenne (BCE) pour adopter de nouvelles mesures de relance de l'économie, y compris l'achat de dettes souveraines.
L'enquête mensuelle de Markit auprès des directeurs d'achats de l'industrie montre que les entreprises ont baissé leurs prix pour le quatrième mois consécutif, au risque d'alimenter les tendances déflationnistes dans la région.
L'activité manufacturière est ressortie en faible croissance en Allemagne, première puissance économique en Europe, et elle s'est contractée pour le huitième mois consécutif en France, deuxième économie de la zone euro.
La situation n'est guère plus encourageante en Italie, où la contraction de l'activité a atteint son rythme le plus élevé en plus d'un an et demi.
"L'activité manufacturière dans la zone euro a globalement stagné de nouveau en décembre, au terme d'une année durant laquelle une reprise initiale qui semblait prometteuse s'est dissipée avant une stagnation au second semestre", a déclaré Chris Williamson, chef économiste chez Markit.
L'indice PMI manufacturier est remonté à 50,6 après le plus bas de 17 mois touché en novembre à 50,1, mais le résultat définitif est inférieur à l'estimation initiale de 50,8 publiée mi-décembre.
MAUVAIS SIGNE POUR LA CROISSANCE
Si l'indice est au-dessus de la barre des 50 séparant croissance et contraction de l'activité, il y a peu de signes suggérant une amélioration, le sous-indice des nouvelles commandes étant à seulement 50,2, ce qui traduit une quasi-stagnation, et les effectifs des entreprises ont à peine augmenté.
Le sous-indice de la production, qui entre dans le calcul de l'indice PMI composite attendu mercredi prochain, a reculé à 50,9 après une première estimation à 51,2. Le chiffre définitif de décembre est le plus bas depuis juin 2013.
Chris Williamson estime que les résultats de l'enquête PMI suggèrent une croissance de 0,1% seulement du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au quatrième trimestre, après 0,2% au troisième.
S'il était confirmé, ce nouvel accès de faiblesse de l'économie de la zone euro pourrait convaincre la BCE de franchir le pas de l'achat de dettes souveraines, qui fait l'objet d'un débat animé au sein du Conseil des gouverneurs de l'institution.
Dans un entretien au quotidien allemand Handelsblatt paru jeudi, Mario Draghi, le président de la banque centrale, explique que le risque de voir la BCE ne pas être en mesure de préserver la stabilité des prix ést plus élevé qu'il y a six mois, et il dit que l'institution est "en pleine préparation technique" d'éventuelles nouvelles mesures à prendre "début 2015".
Ses propos, qui alimentent les spéculations sur le possible lancement d'un nouveau plan d'assouplissement quantitatif (QE) au cours de l'une des prochaines réunions de politique monétaire, ont fait tomber vendredi l'euro sous 1,2040 dollar pour la première fois depuis juin 2010.
Selon une enquête Reuters publiée le mois dernier, la BCE va acheter de la dette souveraine au cours des prochains mois face à la menace d'une spirale déflationniste.
(Claude Chendjou pour le service français, édité par Marc Angrand)