par Jean-Baptiste Vey
PARIS (Reuters) - L'Insee prévoit que le produit intérieur brut de la France croîtra de 1,2% cette année et que le chômage se stabilisera à un niveau toujours élevé au second semestre.
Cette prévision de croissance, supérieure à celle du gouvernement (1%), "confirme que la France est clairement rentrée dans une phase de reprise de l'activité", s'est félicité le ministre des Finances, Michel Sapin, dans une déclaration transmise à Reuters.
Dans sa note de conjoncture publiée jeudi, l'institut de la statistique confirme prévoir une progression du PIB de 0,3% au deuxième trimestre 2015, après +0,6% au premier, puis 0,3% au troisième et 0,4% au quatrième.
La croissance économique atteindrait le rythme de 1,6% fin 2015, le plus rapide depuis fin 2011 et suffisant pour absorber la hausse de la population active.
"Il y a dix ans, avec un tel scénario, on n'aurait pas forcément parlé de reprise", a déclaré Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l'Insee. "Aujourd'hui, on parle de reprise parce qu'on vient de passer trois années avec une croissance en moyenne annuelle de 0,4%."
En 2014, la croissance du PIB n'avait été que de 0,2%.
Le regain de croissance cette année viendrait principalement de l'accélération du pouvoir d'achat des ménages (+1,9% en 2015, soit sa plus forte hausse depuis 2007, après 1,1% en 2014) et donc de leur consommation (+1,6%, après 0,6%).
A ce niveau, la croissance serait plus faible en France que la moyenne de la zone euro (+1,4% sur l'année, +0,4% au T1 comme au T2 et +0,5% au T3 comme au T4), souligne l'Insee, l'Allemagne et l'Espagne tirant cette reprise.
Elle devrait cependant permettre la création de 41.000 postes dans le secteur marchand contre -45.000 en 2014, les entreprises profitant notamment du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et du Pacte de responsabilité et de solidarité.
L'Insee continue d'estimer à 20.000 par trimestre les créations d'emplois liées à ces dispositifs, soit 80.000 sur 2015.
TAUX DE CHÔMAGE STABILISÉ À 10,4%
L'emploi total progresserait de 114.000 postes en 2015, après +41.000 en 2014, avec une nette accélération au deuxième semestre (+71.000) portée par le secteur marchand.
Après une légère baisse du taux de chômage au sens du Bureau international (BIT) du travail au premier trimestre, à 10,3% de la population active et 10,0% en métropole, l'Insee estime qu'il atteindra 10,4% au deuxième trimestre et 10,1% en métropole, des niveaux auquel il se maintiendra sur le restant de l'année.
"Au deuxième trimestre 2015, les créations d'emplois seraient encore trop ténues pour absorber la hausse de la population active. En revanche, la hausse attendue de l'emploi au second semestre serait suffisante pour stabiliser le chômage", a déclaré Laurent Clavel, chef de la division synthèse conjoncturelle.
"Le chômage pourrait même baisser si le découragement des chômeurs seniors perdure", a-t-il ajouté, un phénomène qui explique en partie le recul du taux de chômage au premier trimestre.
La progression des salaires ralentirait, à 1,4% en 2015, après 1,6% en 2014. Le taux d'épargne serait stable sur un an, à 15,1% fin 2015.
Au second semestre, a ajouté Vladimir Passeron, "les dépenses d'investissements des entreprises pourraient prendre le relais de la consommation des ménages qui est quasiment le seul moteur jusqu'à présent".
Contrairement à l'investissement des ménages, attendu en forte baisse en raison de la déprime de l'immobilier, l'investissement des entreprises accélèrerait (+0,3% au T2, +0,6% au T3 et +0,8% au T4).
Il bénéficierait de perspectives de demandes interne et externe plus favorables, d'une nette hausse du taux de marge des entreprises (à 31,3% au T4) grâce au CICE, au Pacte de responsabilité et à la baisse des cours du pétrole, et de conditions de financement facilitées par la politique accommodante de la Banque centrale européenne.
Les entreprises exportatrices profiteraient du niveau de l'euro et d'une reprise de l'activité mondiale après "un coup de froid" au premier trimestre, avec des exportations en hausse de 5,2% sur l'année contre 2,4% en 2014.
L'inflation se redresserait mais resterait faible d'ici fin 2015 (+0,6%), l'inflation sous-jacente restant basse (+0,4%).
(Edité par Marc Joanny)