La victoire en Coupe du monde de football a suscité une euphorie en Allemagne, mais risque d'avoir peu d'impact économique dans un pays où la confiance était déjà élevée, selon des experts.
A Francfort, capitale financière de l'Allemagne, les rues ont retrouvé leur calme lundi matin, après une nuit de festivités. Dans la salle des marchés, drapeaux et fanions noir-rouge-or ont fleuri et certains traders n'ont pas hésité à troquer le traditionnel costume-cravate contre le maillot de la "Mannschaft" victorieuse. On se plaît même à revoir les meilleures actions du match, qui passent en boucle à la télévision.
"C'est vraiment une belle histoire ce qui se passe. Les traders sont très heureux, mais surtout, ils sont très fatigués", s'amuse Raimund Strätz, en charge du marché obligataire pour la banque ICF AG, tout en gardant un oeil sur les graphiques, courbes et tableaux qui colorent la marée d'écrans devant lui.
Car l'heure n'est déjà plus à la fête et les premiers échanges sur le DAX, l'indice vedette allemand, ont été accueillis dans le calme, avec une progression de 0,7% en début d'après-midi.
"Il ne faut pas s'attendre à ce que cette victoire ait un gros effet sur la Bourse. Les crises géopolitiques et bancaires ou la situation économique restent au premier plan pour les investisseurs", souligne Robert Halver, chef du département d'analyse financière de la banque Baader Bank, sur le parquet de la place francfortoise.
Un avis partagé par Holger Bahr, économiste chez DekaBank. "Pour quelqu'un qui s'intéresse au foot, c'est naturellement une belle histoire mais les répercussions (économiques) sont vraiment très limitées", explique-t-il à l'AFP.
"D'autant que la situation économique du pays est déjà plutôt bonne", ajoute-t-il.
- Adidas, grand gagnant -
En effet, si en 2006, quand l'Allemagne accueillait sur son sol la coupe du monde, avec une équipe nationale faisant un beau parcours jusqu'en demi-finale, tandis que le pays quittait tout juste son statut d'"homme malade de l'Europe", les effets économiques avaient été plus perceptibles, cette année, la première économie européenne est déjà solide.
"La plupart des enquêtes montrent que la confiance des consommateurs allemands est déjà forte, donc l'Allemagne devrait traverser une période prolongée de croissance satisfaisante de la consommation pour les années à venir", victoire footballistique ou pas, renchérit Christian Schulz, économiste chez Berenberg.
Le gouvernement allemand ne compte pas modifier ses pronostics de croissance économique, a déclaré lundi une porte-parole du ministère de l'Economie, lors d'un point presse.
Néanmoins pour certaines entreprises, le ballon rond a clairement été synonyme de victoire. Adidas (XETRA:ADSGN), le sponsor des deux équipes finalistes, a déjà vendu plus de deux millions de maillots de l'équipe allemande et fort est à parier que la nouvelle édition avec quatre étoiles sera un best-seller.
"Ces derniers jours, la consommation de bière et de glace a sûrement augmenté", grâce aux diffusions publiques des matchs, relève Holger Bahr.
Tout comme la livraison de pizzas. La chaîne allemande Joey's Pizza a ainsi augmenté son chiffre d'affaires de 20% durant la Coupe du monde et l'a carrément doublé le soir de la finale, a indiqué une porte-parole de la société.
Malgré une météo des plus capricieuses en Allemagne tout au long de la compétition, cafés et restaurants du pays en tirent aussi un bilan positif. "Biergarten, cafés et bistrots ont encore été appréciés de millions de fans", met en avant la fédération allemande de l'hôtellerie-restauration Dehoga, sans être encore en mesure de chiffrer la hausse de recettes.