Le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew a vigoureusement plaidé mardi pour que le Congrès relève le plafond de la dette, avertissant que le Trésor aura épuisé ses mesures exceptionnelles de financement du gouvernement à la mi-octobre.
"Si le Congrès n'agit pas et que soudainement les Etats-Unis ne peuvent pas payer leurs engagements, les répercussions pourraient être graves", a déclaré M. Lew dans une intervention devant un cercle économique de Washington.
"Les investisseurs, en perdant confiance dans la bonne foi et le crédit des Etats-Unis, peuvent causer des dégâts à notre économie", a-t-il ajouté.
Il a rappelé que le plafond de la dette de 16.700 milliards de dollars avait été atteint en mai et que depuis, "le Trésor avait utilisé des mesures extraordinaires pour éviter le défaut de paiement", cessant par exemple d'investir dans des fonds de retraite publics.
"J'ai averti le Congrès en août que ces mesures exceptionnelles seraient épuisées à la mi-octobre", a indiqué M. Lew ajoutant que si le plafond de l'endettement n'était pas relevé, "nous aurons à utiliser le solde de trésorerie".
"Fonctionner sur un maigre solde de trésorerie crée le réel danger qu'un jour nous croyions encore avoir de l'argent en caisse quand nous n'en avons plus", a-t-il ajouté expliquant qu'il est "impossible" pour le Trésor de connaître avec précision l'état de sa trésorerie alors que recettes et dépenses varient fortement chaque jour.
Le directeur du Bureau du budget au Congrès (CBO), Douglas Elmendorf, a précisé mardi qu' "au vu des flux probables de trésorerie" après la mi-octobre, "s'il n'y a pas de changement à la limite de l'endettement, le Trésor sera à bout de liquidités entre la fin octobre et le milieu de novembre".
M. Lew a en outre rappelé que sous le président républicain Ronald Reagan, le plafond de la dette avait été relevé 18 fois, alors qu'il cohabitait avec une Chambre des représentants dominée par les démocrates.
De même sous le président Bill Clinton, le Congrès a relevé le plafond d'endettement six fois alors que la Chambre était majoritairement républicaine pendant six de ses huit ans de présidence.
Enfin, sous George W. Bush, la dette a été relevée sept fois.
"La menace d'un défaut de paiement n'était pas une monnaie d'échange dans les négociations" politiques, a estimé M. Lew. "Tout a changé il y a deux ans, quand la question du relèvement du plafond de la dette est devenue un enjeu de la scène politique".
M. Lew a redit que le président Obama ne "négocierait pas sur le plafond de la dette et n'accepterait pas que des mesures lient son relèvement à un retrait ou un retard du financement de la loi de réforme de l'assurance santé, adoptée au Congrès et confirmée par la Cour suprême".
En revanche, le président "est d'accord pour négocier sur la direction à venir de la politique budgétaire", a ajouté le secrétaire au Trésor.
A l'été 2011, un précédent blocage politique sur le plafond de la dette avait paralysé Washington, conduisant l'agence de notation Standard and Poor's à priver les Etats-Unis de leur prestigieux "triple A", gage de solvabilité maximale pour les marchés financiers.