Angela Merkel et François Hollande se sont retrouvés mercredi soir pour une rencontre inédite dans le cadre du match amical de football France-Allemagne où ils devaient consacrer davantage de temps à leur passion sportive commune qu'au sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles.
Le président français et la chancelière allemande, tous deux passionnés de ballon rond, se sont parlé pendant un peu plus d'une demi-heure dans un salon du stade de France, à côté de Paris, avant d'assister à la rencontre qui a débuté à 21H00.
Rien n'avait filtré en début de soirée du contenu de leur entretien. Ils devaient notamment évoquer le budget de l'UE 2014-2020 sur lequel les 27 tenteront de s'accorder à Bruxelles.
Avant cet entretien, un conseiller de l'Elysée avait cependant assuré qu'il n'y avait "pas de désaccord profond entre eux" sur ce point.
Outre le budget, les deux responsables avaient aussi sur la table un différent récurrent sur la politique de change. Alors que Paris juge la monnaie unique surévaluée, Berlin a répondu mercredi que la politique de change n'était "pas un instrument adapté pour améliorer la compétitivité".
Après leur entretien, les deux dirigeants se sont installés côte à côte dans les tribunes pour assister au match organisé dans le cadre des 50 ans de la réconciliation franco-allemande célébrée avec faste à Berlin il y a deux semaines en présence des gouvernements et des Parlements des deux pays.
Si François Hollande, chantre de la croissance et chef de guerre au Mali, et Angela Merkel, adepte de la rigueur budgétaire et en retrait sur le dossier malien, divergent sur de nombreux dossiers, en revanche tous deux partagent une passion bien réelle et ancienne pour le football.
Deux vrais fans de foot
Dans sa jeunesse, François Hollande a joué ailier droit dans le club de sa ville natale, le FC Rouen (nord-ouest de la France), dont il aurait "rêvé" être l'avant-centre.
Comme de nombreux Français, M. Hollande a douloureusement vécu la défaite de juillet 1982 de la France de Platini face à l'Allemagne de Rummenigge en demi-finale de la Coupe du Monde à Séville (Espagne).
Dans ce match légendaire marqué par l'agression non sanctionnée du défenseur français Patrick Battiston par le gardien allemand Toni Schumacher, la France a été battue aux tirs aux buts après avoir mené trois à un au cours des prolongations.
Mercredi matin, les médias français évoquaient abondamment le "spectre" de 1982.
"Vous vous rappelez, en 1982 il y avait eu à Séville une rencontre en demi-finale entre la France et l'Allemagne avec quelques incidents qui doivent être maintenant dépassés au nom de l'amitié franco-allemande", a dit pour sa part M. Hollande à la veille du match.
Mme Merkel est, quant à elle, une fan enthousiaste de la "Mannschaft", dont elle a du mal à ne pas regarder les matchs, même lorsqu'elle est en déplacement à l'étranger.
On la voit régulièrement sauter de joie dans la tribune officielle, les bras levés en signe de triomphe, au cours des matchs, souvent victorieux, de l'Allemagne en Coupe du Monde ou à l'Euro. Elle ne cache pas son admiration pour l'entraîneur de l'équipe, Joachim Löw.
Elle aussi se défend de tout enthousiasme à visée électorale, disant par exemple avoir assisté jeune à un match de la RDA contre l'Angleterre en 1974 à Leipzig.
Aucun point de presse n'était prévu à l'issue de la rencontre. Nulle indication n'avait été donnée non plus sur le fait de savoir si François Hollande inviterait Angela Merkel dans les vestiaires à la fin du match pour saluer les deux équipes.