L'ancien ministre français des Finances Pierre Moscovici, proposé comme commissaire européen par François Hollande, s'est exprimé mercredi à Athènes à l'AFP sur les réticences allemandes à le voir prendre le portefeuille des Affaires économiques, considérant qu'il ne pouvait y avoir de "veto" en la matière.
M. Moscovici, en Grèce pour une mission que lui a confiée le président Hollande sur "la contribution des politiques européennes à la croissance et à l'emploi", a remarqué qu'on "considère dans toutes les capitales européennes qu'il est légitime que le commissaire français puisse occuper des responsabilités substantielles dans la nouvelle Commission".
Or l'attribution du portefeuille de l'Economie à M. Moscovici suscite la méfiance de certains responsables allemands, en raison des mauvaises performances françaises en matière de lutte contre le déficit public.
Tout en considérant que "l'Europe, ce n'est pas une bataille entre la France et l'Allemagne", et martelant que la France est un pays "solide, sérieux, respecté et respectable" , M. Moscovici a estimé "qu'il ne peut y avoir en droit je ne sais quelle réserve ou veto (...) rien ne nous est interdit".
Il a dit faire confiance au président élu de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour "prendre les bonnes décisions" en la matière.
L'ex-ministre français a considéré par ailleurs que "ce qui s'est passé", avec le remaniement gouvernemental mardi en France, va dans le sens d'une démonstration du "sérieux de la France".
Il a estimé qu'il "n'y a pas de crise de régime en France, pas de drame", mais "une réaction d'autorité compréhensible" du Président de la République et du Premier ministre Manuel Valls, à "l'expression de certains ministres".
Alors que certaines sources ont prêté récemment à Jean-Claude Juncker l'intention de créer à l'attention de M. Moscovici un portefeuille consacré à la relance de la croissance par les investissements, et annoncé vouloir mobiliser 300 milliards d'euros pour les investissements publics et privés en Europe dans les trois prochaines années, M. Moscovici a montré mercredi un vif intérêt pour le sujet.
"Il y a un déficit d'investissement constaté par tous, la politique d'investissement doit être traitée en tant que telle, et nous pouvons le faire sans aucune contradiction avec les règles existantes", a-t-il dit. Abordant ces règles budgétaires, il a estimé qu'il était possible de les appliquer "intelligemment", "avec une dose de flexibilité compte tenu de certaines circonstances".
Venu "en ami" à Athènes, M. Moscovici a rencontré le Premier ministre Antonis Samaras, le vice-premier ministre Evangelos Venizelos, le ministre des Finances Guikas Hardouvelis et celui du Développement et de la Compétitivité Nikos Dendias, sans donner de détails sur ses entretiens.