par William Schomberg et David Milliken
LONDRES (Reuters) - L'économie britannique a ralenti plus nettement que prévu au cours du premier trimestre, alors que le Premier ministre conservateur David Cameron a axé sa campagne pour les élections législatives du 7 mai sur sa capacité à garantir une reprise vigoureuse.
Le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a progressé de 0,3% sur la période janvier-mars par rapport au trimestre précédent, lorsqu'elle avait été de 0,6%, a annoncé mardi l'Office des statistiques nationales (ONS).
Il s'agit de la croissance la plus faible depuis le quatrième trimestre 2012, précise l'ONS. A cette époque, certains observateurs craignaient de voir l'économie britannique retomber en récession.
Selon leur prévision médiane, les économistes interrogés par Reuters ne s'attendaient qu'à un ralentissement marginal de la croissance, à 0,5%, au premier trimestre.
La livre sterling s'est affaiblie face au dollar et à l'euro après la publication de cette statistique alors que le prix des obligations souveraines britanniques a augmenté.
Le ministre des Finances, George Osborne, s'est efforcé de transformer ces chiffres a priori négatifs pour le gouvernement en un argument électoral pour son Parti conservateur.
"Les chiffres du PIB montrent que l'avenir de l'économie se jouera dans les urnes", a-t-il écrit sur Twitter. "Ce serait le pire moment possible de voter pour l'instabilité."
Ces données préliminaires sur le PIB sont largement une estimation et elles sont régulièrement révisées par la suite. Le chef économiste de l'ONS, Joe Grice, a invité à ne pas leur accorder une importance démesurée.
A neuf jours des élections, l'opposition travailliste devrait néanmoins s'en saisir alors qu'elle est au coude à coude avec les conservateurs dans les intentions de vote.
L'ÉLAN DE 2014
La campagne des Tories consiste à marteler le message selon lequel leur "programme économique de long terme" est une réussite. Ils exhortent donc les électeurs à leur confier un nouveau mandat pour achever leur mission de redressement des finances du pays.
Le Labour de son côté insiste sur ce qu'il qualifie de crise du coût de la vie en Grande-Bretagne, avec une progression des salaires inférieure à l'inflation durant l'essentiel des cinq années de présence de David Cameron au 10, Downing Street.
Sur un an, la croissance du PIB britannique a été de 2,4% au premier trimestre, selon l'ONS, alors que les économistes interrogés par Reuters attendaient 2,6%.
Par rapport au pic atteint avant la crise financière de la fin de la décennie 2000, l'économie britannique s'est développée de 4,0%. La croissance est de 8,4% depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition emmenée par les conservateurs en mai 2010.
La plupart des économistes s'attendent à ce que la Grande-Bretagne poursuive en 2015 sur l'élan de 2014, lorsque sa croissance de 2,8% a été la plus élevée parmi les pays du G7.
"L'annonce d'un ralentissement marqué de la reprise économique en Grande-Bretagne au premier trimestre n'aidera évidemment pas les partis de la coalition au pouvoir mais ce ralentissement devrait être simplement provisoire", pense Vicky Redwood, du cabinet Capital Economics.
Avec la faiblesse de l'inflation, les revenus des ménages devraient progresser à leur rythme le plus soutenu depuis 2006, ajoute-t-elle.
Les élections, si elles ne dégagent pas de majorité claire, pourraient toutefois créer de l'incertitude et ralentir les investissements, mettent en garde certains économistes.
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)