La Bourse de Paris a salué jeudi (+3,06%) les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) qui lance un programme illimité de rachats d'obligations publiques afin de soulager la zone euro.
L'indice CAC 40 a pris 104,09 points à 3.509,88 points, dans un volume d'échanges davantage nourri que ces derniers jours, à 4,062 milliards d'euros. La veille, il avait pris 0,20%.
Parmi les autres marchés européens, Francfort a pris 2,91% et Londres 2,11%. Par ailleurs, l'Eurostoxx 50 a gagné 3,40%.
Le marché parisien a accéléré nettement le rythme peu après les annonces de la BCE et dans le sillage de Wall Street.
"Le marché a bien aimé le fait que la BCE est prête à intervenir de manière illimitée. Surtout, il n'y a pas eu de mauvaise surprise", compte tenu des fortes attentes des investisseurs, observe Yves Marçais, vendeur d'actions de Global Equities.
"Tout commence à se mettre en place. Les incertitudes disparaissent peu à peu", ajoute-t-il, rappelant que les marchés misent sur une intervention de la BCE depuis plusieurs semaines.
La BCE va racheter sur le marché secondaire, là où s'échange la dette déjà émise par les Etats, des obligations souveraines de maturité allant de 1 à 3 ans, et ne fixera "pas de limite quantitative" à ces achats.
Ces achats se feront à la condition stricte que les pays qui souhaiteront en bénéficier aient au préalable sollicité l'aide des fonds de secours européens, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), auquel succédera le MES.
L'institut, qui a maintenu son taux directeur inchangé à 0,75%, renonce aussi à son statut de créancier privilégié pour ce nouveau programme.
"Ces annonces étaient largement anticipées et avaient largement circulé dans la presse ces derniers jours", relève Renaud Murail, gérant d'actions de Barclays Bourse. Mais "le plus important est que le pare-feu de la zone euro apparaisse de plus en plus crédible", ajoute-t-il.
Les marchés vont désormais guetter une éventuelle demande d'aide de l'Espagne, ainsi que la décision de la Cour constitutionnelle allemande sur le MES, le nouveau fonds de secours européen.
Les dirigeants espagnol Mariano Rajoy et allemand Angela Merkel ont assuré jeudi à Madrid qu'ils feraient "tout ce qui est nécessaire pour résoudre la crise de l'euro", refusant d'évoquer précisément l'option d'un sauvetage financier pour l'Espagne.
"Cerise sur le gâteau", selon M. Marçais, le marché parisien a également profité de bonnes statistiques aux Etats-Unis, qui ont largement soutenu la tendance.
L'activité dans les services a accéléré sa progression en août, selon l'indice ISM. Les analystes l'attendaient en baisse.
Par ailleurs, les embauches du secteur privé ont fortement augmenté en août aux Etats-Unis, selon l'enquête mensuelle ADP.
Les valeurs bancaires ont bondi grâce aux annonces de la BCE, à l'image de BNP Paribas (+5,47% à 37,15 euros), Crédit Agricole (+8,44% à 5,01 euros) et Société Générale (+7,76% à 22,93 euros). Hors CAC 40, Natixis a gagné 9,61% à 2,35 euros.
De leur côté, les valeurs cycliques, dépendantes de la conjoncture, ont tiré le marché vers le haut. Renault prenait 5,66% à 37,82 euros, PSA Peugeot Citroën 5,08% à 6,04 euros, ArcelorMittal 4,12% à 11,89 euros et Saint Gobain 4,81% à 28,42 euros.
En revanche, les valeurs défensives, moins soumises au mouvement du marché, ont avancé moins vite que le marché. L'Oréal a gagné 1,11% à 100,85 euros et Pernod Ricard 1,40% à 91,11 euros.
Technicolor a pris 0,76% à 1,99 euro. La société Thomson Angers, filiale du groupe, placée en liquidation judiciaire, a vu sa période d'observation prolongée jusqu'au 11 octobre par le tribunal de commerce de Nanterre.
Enfin, Tessi a perdu 0,96% à 71,30 euros après avoir enregistré au premier semestre un recul de 10% de sa rentabilité, pénalisé par les difficultés de sa branche "services marketing".