PARIS (Reuters) - Sanofi parie sur l'insuline à inhaler comme alternative aux injections quotidiennes dans le traitement du diabète et a signé avec la biotech américaine MannKind un accord de licence exclusive et mondiale d'une valeur potentielle de 925 millions de dollars (691 millions d'euros).
L'inhalation promet aux patients diabétiques un traitement plus facile à suivre mais son potentiel de vente reste incertain étant donné d'éventuels risques associés à une absorption d'insuline en poudre dans les poumons.
L'accord de licence exclusive annoncé lundi par Sanofi et MannKind porte sur le développement et la commercialisation de l'Afrezza, dont le lancement aux Etats-Unis est prévu au premier trimestre 2015. Il s'agit d'une insuline humaine à inhaler d'action rapide pour les diabètes de types 1 et 2 chez les adultes.
Selon les termes de l'accord, MannKind Corporation recevra un paiement initial de 150 millions de dollars ainsi que des paiements d'étape pouvant atteindre 775 millions de dollars, conditionnés par des objectifs particuliers en termes de développement, de réglementation et de seuils de vente.
Alors que Sanofi est confronté à la perte du brevet de son antidiabétique vedette Lantus en 2015, l'Afrezza permet au groupe pharmaceutique français d'étoffer son portefeuille dans un marché mondial du diabète qui dépasse les 40 milliards de dollars par an.
Selon l'accord, Sanofi et MannKind se partageront l'ensemble des pertes et des profits: Sanofi retiendra 65% et MannKind recevra 35%. Sanofi a en outre accepté de faire à MannKind une avance correspondant à sa part des dépenses jusqu'à un maximum de 175 millions de dollars.
UN POTENTIEL D'UN MILLIARD DE DOLLARS
Sanofi sera responsable du développement, des affaires réglementaires et de la commercialisation du produit tandis qu'en vertu d'un accord séparé MannKind fabriquera l'Afrezza dans son usine de Danbury, dans le Connecticut.
Les deux sociétés prévoient en outre de collaborer pour augmenter la capacité de production si cela s'avérait nécessaire pour répondre à la demande mondiale.
L'Afrezza n'est pas la première insuline à inhaler à avoir été mise au point. Pfizer a retiré du marché l'Exubera, dont la commercialisation avait été approuvée en 2006 et dont le potentiel de ventes annuelles était évalué à deux milliards de dollars. Cet inhalateur était volumineux et encombrant et les patients n'appréciaient pas de devoir périodiquement faire contrôler leurs fonctions respiratoires.
Les analystes du secteur estiment actuellement que l'Afrezza pourrait générer environ un milliard de dollars de ventes d'ici 2019, selon un consensus réalisé par Thomson Reuters Pharma.
Le produit mis au point par MannKind a été approuvé en juin par l'agence américaine du médicament (FDA), qui a demandé que la prescription soit accompagnée d'un avertissement sur les risques de bronchospasme chez les patients atteints d'asthme ou de maladie chronique des voies respiratoires.
(Dominique Rodriguez, avec Ben Hirschler à Londres, édité par Véronique Tison)