Le feuilleton des prix du gaz est reparti de plus belle mercredi : GDF Suez réclame une hausse de 7% de ses tarifs au 1er octobre, relançant son conflit avec le gouvernement, qui, après avoir limité leur progression à 2% cet été, a aussitôt rejeté cette demande.
Selon plusieurs sources proches du dossier, confirmant une information révélée par le Figaro, GDF Suez a adressé à la Commission de régulation de l'énergie (CRE) une demande en ce sens.
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a confirmé cette démarche, pour la rejeter aussi sec.
"Je vous confirme que cette demande a été adressée (...), cette demande en l'état n'est pas satisfaisante", car l'augmentation exigée est "trop élevée", a déclaré la porte-parole, lors de son point-presse à l'issue du Conseil des ministres.
L'association de consommateurs CLCV s'est dite quant à elle "choquée" par cette demande, qu'elle juge "totalement irréaliste".
Selon l'une des sources consultées par l'AFP, cette demande inclut une revalorisation de 0,9 point pour couvrir les coûts d'approvisionnement du groupe gazier, et le reste vise à compenser la hausse de 2% de ses tarifs accordée par le gouvernement Ayrault en juillet, qui avait été jugée insuffisante par la CRE elle-même.
11 millions de foyers
Près de 11 millions de foyers sont soumis aux tarifs réglementés du gaz naturel.
Interrogés par l'AFP, GDF Suez et la CRE n'ont pas commenté ces nouvelles.
Un porte-parole du groupe a cependant confirmé que l'opérateur avait déposé ces dernières semaines un recours auprès du Conseil d'Etat contre la hausse de 2% appliquée cet été, comme ses dirigeants avaient dit l'envisager début août.
En principe, les tarifs du gaz sont révisés tous les trois mois, selon une formule de calcul supervisée par la CRE, et qui est censée reflétée l'évolution des coûts du groupe gazier.
En vertu de cette formule, les prix du gaz auraient dû normalement augmenter de 7,3% en juillet pour couvrir les coûts de GDF Suez, mais le gouvernement n'avait pas respecté cet avis et, au nom de la défense du pouvoir d'achat, décidé de plafonner leur progression au niveau de l'inflation, soit 2%.
Mais cet été également, le Conseil d'Etat a infligé un camouflet au gouvernement, en accordant à GDF Suez une hausse rétroactive de ses tarifs sur la période du 1er octobre 2011 au 1er janvier 2012, suite à l'invalidation du gel qui avait été décidé par le gouvernement Fillon l'an dernier. Ce rattrapage sera étalé sur 18 mois à partir de décembre, et s'élèvera à 38 euros en moyenne pour un ménage se chauffant au gaz.
Fort de cette première victoire judiciaire, GDF Suez est déterminé à défendre ses intérêts. "Le fait que les tarifs reflètent les coûts (...) est une obligation absolue", avait ainsi réaffirmé début août son PDG, Gérard Mestrallet.
Ce nouveau bras de fer s'annonce difficile pour le gouvernement, qui manque de marges de manoeuvre pour lutter contre la flambée de l'énergie, comme l'a montré la baisse temporaire de 6 centimes des prix des carburants négociée de haute lutte avec les pétroliers à la rentrée.
Selon une source bien informée, le gouvernement devrait s'exprimer plus en détails sur ce dossier en début de semaine prochaine.
La semaine dernière, la majorité a présenté un projet d'instauration d'un tarif progressif de l'électricité et du gaz, qui n'entrera en vigueur que fin 2013/début 2014, mais sera précédée de l'élargissement des tarifs sociaux de l'énergie à 4 millions de ménages.
Ce mécanisme est censé aider les ménages à réduire leurs factures d'énergie en les incitant à diminuer leur consommation, selon un système de "bonus-malus", mais il est jugé insuffisant par les associations de consommateurs.