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Notre-Dame-des-Landes: Philippe ménage le suspense auprès des élus

Publié le 05/01/2018 18:43
Mis à jour le 05/01/2018 19:45
Le Premier ministre Édouard Philippe, au côté du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, à Matignon, le 21 décembre 2017 (Photo Thomas Samson. AFP)

Le Premier ministre Édouard Philippe, au côté du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, à Matignon, le 21 décembre 2017 (Photo Thomas Samson. AFP)

Édouard Philippe a entamé vendredi un ultime et vaste tour de table pour échanger avec les élus locaux concernés par le projet d'aéroport très controversé de Notre-Dame-des-Landes, en les assurant que la décision, attendue entre le 15 et 30 janvier, n'était pas prise.

Alors que l'hypothèse alternative d'un réaménagement de l'aéroport existant a été éclairée d'un jour nouveau, et favorable, par le rapport des médiateurs remis mi-décembre, rien n'est encore tranché, a rappelé le Premier ministre aux parlementaires de Loire-Atlantique reçus vendredi.

Le verdict sera bien donné "entre le 15 et le 30 janvier", ont indiqué plusieurs députés vendredi à la sortie de leur entretien, auquel assistait également le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

Construction d'un nouvel aéroport ou réaménagement de l'aéroport Nantes-Atlantique, "la décision n'est pas prise", a aussi soutenu le président de l'Assemblée nationale François de Rugy.

Edouard Philippe "nous l'a martelé", a confirmé la députée LREM Aude Amadou, favorable au projet de Notre-Dame-des-Landes. Cette consultation "n'était pas une séance de câlinothérapie (des pro-aéroport) contrairement à ce qui s'est dit", a-t-elle insisté.

Des cinq sénateurs de Loire-Atlantique conviés vendredi matin, seulement deux se sont déplacés pour une heure d'entretien "très cordial", selon l'écologiste Ronan Dantec, opposé au projet. Le "souci principal" de M. Philippe a été de les "convaincre qu'il n'avait pas encore décidé", a-t-il souligné auprès de l'AFP.

Les dix députés du département (9 LREM, 1 MoDem), reçus en début d'après-midi avant une trentaine de maires, ont chacun pu faire valoir leurs positions. Six ont affirmé leur soutien à un nouvel aéroport, deux entretiennent une posture médiane et deux autres s'affichent contre (M. de Rugy et Sarah El Haïry).

"Cela s'est exprimé dans un climat très serein, dans une écoute active, dans l'échange. Chacun a parlé autant qu'il le souhaitait", a expliqué la députée Anne-France Brunet.

M. de Rugy, ex-écologiste, réélu député sous la bannière de LREM, a "salué la méthode", qui contraste avec le "pourrissement qui a été trop longtemps la méthode des gouvernements successifs depuis 10 ans".

- "Rapport biaisé" -

Les divergences se sont toutefois exprimées sur le rapport des trois médiateurs, commandé par l'exécutif en juin et qui cristallise les critiques des partisans de la construction d'un nouvel aéroport.

Pour M. de Rugy, il permet d'apporter des "données clairement équilibrées". Mais l'ancien président de la région Pays-de-la-Loire Bruno Retailleau y voit un "rapport biaisé, qui présente de graves lacunes", a-t-il dénoncé jeudi auprès de l'AFP .

"Sceptique" et dans l'attente "d'élements d'explication" sur le travail des médiateurs avant de se rendre à Matignon, Aude Amadou ne se montrait guère plus convaincue après la réunion.

"J'ai dit que ce rapport ne m'avait rien apporté et qu'il y avait des éléments manquants", a abondé le député Yves Daniel, qui a aussi rappelé que le résultat de la consultation citoyenne de juin 2016 avait été favorable à un nouvel aéroport. "On ne peut pas bafouer la démocratie comme cela", a-t-il appuyé.

Cette "phase ultime de concertation" se poursuivra lundi, avec les élus d'Ille-et-Vilaine et du Morbihan, suivis mardi de ceux du Maine-et-Loire, de Mayenne et de Vendée. Vendredi 12 sera reçu le bureau du syndicat mixte aéroportuaire, qui comprend notamment la maire (PS) de Nantes Johanna Rolland ou le président (PS) du département de Loire-Atlantique Philippe Grosvalet.

Il s'agit aussi d'évoquer l'évacuation du site de Notre-Dame-des-Landes, qui sera ordonnée quelle que soit l'option retenue, a promis M. Philippe. Jusqu'à 3.000 militaires pourraient être mobilisés pour cette opération, qui s'annonce très délicate, avec 93 squats sur la ZAD, selon des sources proches du dossier.

Beaucoup se félicitaient en tout cas vendredi de voir le bout du tunnel. "Il y a une usure complète et totale du territoire sur le sujet", a relevé la députée Valérie Oppelt.

"Notre-Dame-des-Landes est devenu un sujet épidermique. On aimerait bien passer à autre chose", a renchéri la députée Sophie Errante.

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