Le géant russe du pétrole Rosneft a posé mardi les bases d'un nouveau contrat géant de livraison d'or noir à la Chine, portant au total sur 85 milliards de dollars sur dix ans.
Le protocole d'accord a été signé mardi avec le pétrolier chinois Sinopec à l'occasion d'une visite du Premier ministre Dmitri Medvedev en Chine. Il "prévoit la livraison de dix millions de tonnes sur dix ans", a indiqué le président du pétrolier russe Igor Setchine, cité par les agences russes à l'issue de la cérémonie.
"Cela signifie que sur dix ans les livraisons vont représenter 100 millions de tonnes. Cela fait 85 milliards de dollars", a souligné de son côté M. Medvedev.
Dans un communiqué, le groupe public, devenu cette année le premier producteur de pétrole coté en Bourse dans le monde, a ensuite précisé que le contrat devait démarrer dès 2014, après paiement d'une avance par Sinopec.
Le document prévoit qu'une partie du brut pourra être remplacé par des produits pétroliers.
La Russie déploie d'importants moyens ces dernières années pour réorienter ses exportations d'hydrocarbures, qui représentent la moitié de ses revenus du budget fédéral, de l'Europe vers l'Asie.
"Les accord signés aujourd'hui sont la preuve du développement de la coopération à grande échelle avec nos partenaires chinois", a souligné M. Setchine, cité dans le communiqué.
En juin, Rosneft a signé avec un autre groupe chinois, CNPC, un méga-contrat pétrolier portant sur 365 millions de tonnes sur 25 ans, soit 15 millions de tonnes par an en moyenne et le double des exportations actuelles. Cet accord d'une durée exceptionnellement longue représente au total 270 milliards de dollars.
Pour remplir ce contrat, Rosneft a annoncé vendredi qu'il allait créer une coentreprise avec CNPC pour extraire des hydrocarbures en Sibérie Orientale, donnant un accès direct à la Chine aux gisements russes.
L'avance payée par Sinopec apportera "de nouveaux financements pour nos projets d'exploration et de production et la construction des infrastructures nécessaires", a relevé M. Setchine, précisant qu'elle représenterait environ 25% à 30% du montant total.
Rosneft s'est lourdement endetté depuis un an pour financer l'acquisition pour 55 milliards de dollars de son concurrent TNK-BP puis d'autres actifs devant notamment lui permettre de doper sa production de gaz.
Il multiplie aussi les partenariats afin de se lancer dans la production dans l'Arctique, très complexe et coûteuse.
Pendant ce temps, Gazprom peine toujours à conclure le contrat qui lui ouvrirait pour la première fois la porte du marché chinois, en négociations depuis des années.
Le géant gazier ne cesse de répéter qu'il compte conclure un accord d'ici à la fin de l'année pour commencer ses livraisons en 2018.
Le ministre de l'Energie Alexandre Novak, cité par les agences russes, a annoncé mardi que les parties russe et chinoise s'étaient mises d'accord sur une "formule de prix", ce qui constituait ces derniers mois le principal point de désaccord restant.
Gazprom, attaché à des contrats à long terme indexés au pétrole, avait annoncé le mois dernier avoir obtenu de Pékin que le prix soit calculé indépendamment des cours du gaz aux Etats-Unis, très faibles.
Les livraisons, prévues à 38 milliards de mètres cubes par an, pourront commencer entre 2018 et 2020 si le contrat est signé comme prévu d'ici à la fin de l'année, a ajouté le ministre.
CNPC a déjà conclu un accord avec le deuxième producteur russe de gaz, le groupe privé Novatek, pour participer au projet d'usine de liquéfaction du gaz Yamal LNG dans l'Arctique, actuellement développé avec le français Total.
Novatek a confirmé mardi que les livraisons porteraient sur au moins trois millions de mètres cubes de gaz sur 15 ans et que les prix seraient indexés en totalité sur le marché du brut au Japon, le "Japanese Crude Cocktail".