Le record du nombre de demandeurs d'emploi sans activité, qui avait atteint 3,195 millions en janvier 1997, pourrait bien être battu jeudi avec la publication des chiffres de mars et face à ce défi, François Hollande a appelé au "rassemblement du pays" autour de ce dossier "essentiel".
Fin février, après une série noire de 22 mois, Pôle emploi recensait 3,187 millions de demandeurs d'emploi n'ayant pas travaillé au cours du mois (catégorie A) en métropole, soit seulement 8.000 de moins que le record absolu.
Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, en moyenne, plus de 28.000 nouveaux chômeurs sans activité ont poussé chaque mois la porte de Pôle emploi.
"Aujourd'hui plus que jamais le rassemblement du pays doit se faire sur ce qui est attendu par beaucoup de nos compatriotes: l'emploi, le redressement, la confiance", a déclaré le président de la République mercredi à l'Elysée.
Jeudi matin, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a admis que le gouvernement "se préparait à un chiffre qui, compte tenu en effet de la croissance atone, ne devrait pas être très bon".
Plus pessimiste encore, le numéro un de la CFDT Laurent Berger a indiqué n'avoir "aucune raison de penser qu'ils seront autres que catastrophiques". Son homologue de la CGT Thierry Lepaon a dit lui s'attendre "au pire".
Mais au-delà du chiffre symbolique des "catégorie A" (sans aucune activité), Pôle emploi a déjà enregistré de nouveaux records depuis le printemps 2011: en février, si on incluait ceux qui ont exercé une petite activité, ses listes recensaient près 5 millions de noms (Outre-mer compris), du jamais vu.
Parmi eux, deux millions de chômeurs de longue durée, un autre pic historique.
Face à cet afflux, un nouveau renfort de 2.000 CDI à Pôle emploi d'ici à septembre a été décidé par le gouvernement, comme en 2012.
En 1997, le chiffre des inscrits en catégorie A traduisait toutefois une situation encore plus dégradée, puisque la population en âge de travailler était moins nombreuse (25,6 millions, contre 28,3 millions en 2011, selon les plus récentes données de l'Insee).
Le taux de chômage, qui rapporte le nombre de chômeurs à la population active, tourne ainsi autour de 10,2%, alors que le record enregistré à deux reprises, en 1994 et 1997, est de 10,8% en métropole.
Mais les perspectives sont sombres: le Fonds monétaire international table sur une poursuite de la flambée, pour atteindre 11,6% en 2014 (Dom compris).
Les emplois d'avenir fin avril
Pour autant, le chef de l'Etat maintient son "objectif" d'inverser "à la fin d'année" la courbe du chômage.
Dans son "programme de stabilité", présenté le 17 avril, le gouvernement prévoit - malgré une estimation de croissance quasi-nulle de 0,1% en 2013 - une légère reprise des créations d'emplois au second semestre et un recul du taux de chômage au dernier trimestre 2013. Les économistes estiment que, pour renverser la courbe, une croissance d'au moins 1,5% est nécessaire.
L'engagement du président sera tenu "grâce notamment à la reprise progressive de l'activité et aux premiers effets des nombreux dispositifs de soutien à l'emploi mis en place depuis dix mois", affirme Bercy. Fin mars, François Hollande affirmait que "tous les outils" étaient sur les rails pour la "bataille" contre le chômage: emplois d'avenir, contrat de génération, crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE) et loi sur la sécurisation de l'emploi.
Six mois après leur lancement, les emplois d'avenir peinent à décoller: fin avril, 20.000 environ devraient avoir été signés sur un objectif de 100.000 fin 2013. Malgré des subventions élevées (75% du Smic dans le secteur non marchand), les employeurs restent frileux face à des candidats pas ou peu diplômés.
Le CICE devrait quant à lui permettre de sauver 15.000 emplois au premier semestre 2013, selon l'Insee.
Le contrat de génération, qui vise à favoriser l'embauche des jeunes et le maintien des seniors dans l'emploi, via des incitations financières, est lui opérationnel depuis début mars. Le gouvernement en espère 500.000 embauches de jeunes en CDI en cinq ans et autant de seniors maintenus dans l'emploi.
Quant à la loi sur la sécurisation de l'emploi, qui vise à fluidifier le marché du travail, elle devrait être adoptée définitivement le 14 mai.