par William Schomberg et David Milliken
LONDRES (Reuters) - Le ministre britannique des Finances George Osborne a surpris ses détracteurs mercredi en relevant son objectif d'excédent budgétaire d'ici la fin de la décennie et en abandonnant un projet controversé de réduction des crédits d'impôts pour les travailleurs pauvres.
Il a aussi annoncé, 12 jours après les attentats meurtriers de Paris, qu'il épargnerait à la police britannique les coupes sombres prévues sur les budgets de plusieurs services de l'Etat.
Le passage d'un déficit à un excédent public a été un point central de la campagne du Premier ministre David Cameron lors des élections de mai et, s'il y parvient, cela donnerait une marge de manoeuvre au Parti conservateur au pouvoir pour annoncer des baisses d'impôts avant les prochaines élections de 2020.
George Osborne, favori à la succession de David Cameron, a dit au parlement qu'il visait un excédent de 10,1 milliards de livres (14,36 milliards d'euros) d'ici l'année fiscale 2019-2020, un chiffre un peu supérieur aux 10 milliards annoncés en juillet.
Le déficit budgétaire pour l'exercice fiscal en cours a été revu en légère hausse à 3,9% du produit intérieur brut contre 3,7% en juillet.
Osborne a ajouté que le gouvernement comptait emprunter moins au cours de cet exercice fiscal qu'annoncé en juillet.
"Nous nous sommes engagés à dégager un excédent", a-t-il dit à l'occasion de son discours d'automne sur la situation économique et budgétaire. "Aujourd'hui, je peux confirmer que les programmes de dépenses publiques sur cinq ans que j'ai mis au point sont prévus pour parvenir à cet excédent, afin de ne pas emprunter indéfiniment et d'être prêt à affronter d'éventuelles tempêtes."
Il a attribué l'amélioration des finances publiques à des perspectives de croissance légèrement plus fortes pour les deux prochaines années et à un coût de la dette plus faible que prévu, les rendements des obligations britanniques restant faibles.
Sous les acclamations des conservateurs, le ministre a annoncé en outre qu'après avoir entendu les "inquiétudes", il renonçait à réduire les crédits d'impôts pour les travailleurs les plus pauvres, expliquant que l'amélioration de la situation budgétaire lui permettait d'atteindre son objectif de réduction de 12 milliards de livres par an des aides sociales sans cette mesure.
Le mois dernier, la Chambre des Lords avait infligé un camouflet inhabituel au gouvernement en demandant un report de ces coupes évaluées à 4,4 milliards de livres.
"J'ai écouté les inquiétudes. Je les entends et je les comprends", a déclaré George Osborne.
L'Office for Budget Responsibility (OBR), un organisme indépendant de surveillance des finances publiques, a laissé sa prévision officielle de croissance inchangée pour l'année 2015 et a légèrement relevé son estimation de croissance pour 2016, a indiqué le ministre.
Le taux de croissance est maintenu à 2,4% pour 2015, comme en juillet, et la prévision de croissance 2016 a été portée de 2,3% à 2,4%.
"Malgré une conjoncture mondiale plus faible, notre économie cette année devrait croître de 2,4%, la croissance étant ensuite revue en hausse par rapport aux estimations pour le budget pour les deux prochaines années", a déclaré George Osborne.
(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)