La Catalogne, poids lourd économique de l'Espagne, au bord du gouffre financier, a annoncé mardi qu'elle ne verserait pas en juillet les subventions aux organismes sociaux, provoquant l'indignation d'un secteur déjà frappé par les coupes budgétaires.
"C'est un problème de liquidité", a expliqué une porte-parole du ministère catalan de l'Economie, en ajoutant que la situation "commencerait à revenir à la normale en septembre".
La Catalogne, la région la plus endettée du pays, dirigée par la coalition nationaliste CiU, a déjà reconnu qu'elle envisageait de faire appel au fonds de liquidité de 18 milliards d'euros créé par le gouvernement pour aider les régions à honorer leurs dettes.
Mais elle refuse les mesures de rigueur draconiennes qui accompagnent cette aide et a annoncé qu'elle ne se rendrait pas, mardi soir, à une réunion avec le gouvernement sur la réduction du déficit des régions, fixé par Madrid à 1,5% du PIB en 2012 et à 0,7% en 2013.
Le gouvernement régional n'a pas précisé le montant des subventions qui ne pourraient être versées, mais selon le quotidien El Pais, il s'agirait de 400 millions d'euros, destinés aux hôpitaux, centres pour handicapés, résidences pour personnes âgées ou centres d'accueil pour mineurs.
Environ 100.000 salariés pourraient ainsi être privés de leurs salaires du mois de juillet, selon la Confédération des associations du secteur social, qui réunit environ 800 organisations.
"Il y a un sentiment de déception et d'inquiétude". "Certains centres ont une marge pour tenir mais la majorité sont affectés" par ce défaut de paiement, déplore Laia Grabulosa, directrice technique de cette Confédération, soulignant que les centres apportent "des services fondamentaux aux personnes très fragiles".
"Nous réclamons un calendrier de paiements et nous voulons savoir quand nous allons recevoir l'argent du mois de juillet", insiste-t-elle.
Sonia Martinez, présidente de Fedaia, un organisme de tutelle des mineurs qui accueille quelque 2.000 enfants, partage son angoisse.
"Ca tombe très mal. Cela touche la manutention des locaux, l'eau, l'électricité", déplore-t-elle.
Or, "ce sont des enfants qui sont à notre charge 24 heures sur 24. Il faut les éduquer, les nourrir, s'en occuper" et cela nécessite beaucoup de personnel.
Plus de 10.000 professionnels de cet organisme et quasiment 400 centres sont concernés, ajoute-t-elle, précisant avoir évalué à au moins cinq millions les subventions manquantes.
La Fédération de l'assistance aux personnes âgées (Feate) évoque elle un manque de 6,3 millions qui touche 3.200 professionnels et 110.000 usagers.
Angels Guiteres, présidente de la Fédération du secteur social de Catalogne, plate-forme qui regroupe 4.000 entreprises, centres et associations de la région, se veut toutefois plus optimiste.
"On a été pris par surprise" mais "c'est un problème ponctuel. Le gouvernement (de Catalogne) s'est engagé au retour à la normalité en août ou septembre", dit-elle, rappelant que le problème était déjà arrivé en septembre dernier et que le trou avait été comblé en octobre.
La Catalogne, qui représente un quart du PIB de l'Espagne et dont la dette atteignait 21% de son PIB à la fin du premier trimestre 2012, a reconnu avoir énormément de mal à se financer sur le marché, alors qu'elle a terminé 2011 avec un déficit de 3,7% de son PIB.
Elle s'est engagée, comme le reste du pays et l'Etat central, dans une chasse au déficit et avait annoncé pendant l'été 2011 des coupes draconiennes, dont 10% dans les dépenses de santé, visant un milliard d'euros d'économies.
Depuis, des services d'urgence ont fermé dans plusieurs hôpitaux, notamment à Barcelone, des lits ont été supprimés et des dispensaires ont réduit leurs activités.