L'Insee a baissé jeudi sa prévision de croissance moyenne en France en 2014 à 0,4%, et prévenu que le Produit intérieur brut ne devrait progresser que de 0,1%, au troisième comme au quatrième trimestre.
En juin, sa prévision était de 0,7%. En l'abaissant, l'Insee s'aligne sur la prévision officielle et la "conforte", a souligné le ministère des Finances.
Sans donner de prévision pour 2015, l'Institut national de la statistique et des études économiques a toutefois indiqué que la France entamerait l'année sans filet, avec un "acquis", c'est-à-dire une réserve de croissance, de 0,1%.
L'acquis de croissance désigne ce que serait la croissance moyenne l'an prochain en France si l'économie stagnait sur chacun des quatre trimestres de 2015. S'il est presque nul, cela signifie que la conjoncture n'a pas de tremplin.
La croissance l'an prochain est la grande inconnue du budget 2015, qui a été présenté mercredi et qui est basé sur une hypothèse de 1%, jugée "optimiste" par le Haut conseil des finances publiques, organe indépendant de contrôle.
Le ministre des Finances Michel Sapin a toutefois défendu une prévision "sincère", et le président François Hollande l'a qualifiée de réaliste.
Bercy a précisé, en réaction aux commentaires de l'Insee, que son hypothèse était "médiane", et même "légèrement inférieure au consensus des économistes", qui est de 1,1%.
Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l'Insee, a jugé lors d'une conférence de presse que la France se trouvait dans un "régime de croissance extrêmement bas", avec un taux de croissance de seulement 0,1% par trimestre en moyenne depuis le printemps 2011.
Dans le détail, l'Institut a dressé le portrait d'une économie française au ralenti. Les ménages épargnent davantage (le taux d'épargne est prévu à 15,6% en 2014, contre 15,1% en 2013) et consomment à peine plus (+0,1% en 2014). Par ailleurs leurs investissements, c'est-à-dire essentiellement les achats de logements, s'effondrent: -7,4% attendus cette année, une baisse deux fois plus forte qu'en 2013, et un retour aux niveaux de 1998.
Les entreprises elles vont à nouveau réduire les investissements (-0,6%) et leur taux de marge, un indicateur de rentabilité, se dégrade en dépit du soutien du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi: l'Insee le voit à 29,4% en 2014, contre 29,8% en 2013.
M. Passeron a souligné par contraste le dynamisme "impressionnant" des économies américaine et britannique, jugeant que les pays anglo-saxons n'étaient "plus dans la même conjoncture" que la zone euro.
Il a toutefois fait valoir que certains facteurs pourraient nourrir la croissance française, notamment une baisse prononcée du cours de l'euro, ainsi qu'une normalisation dans le secteur du bâtiment.
Le chef du département de conjoncture de l'Insee a enfin jugé que la France était confrontée "à un déficit de demande", et rapporté que dans les enquêtes menées auprès d'elles, "à court terme les entreprises racontaient surtout des problèmes de demande".
Laurent Clavel, économiste à l'Insee, a lui relevé que ces mêmes entreprises "perdaient des parts de marché", soulevant qu'il s'agissait là d'un "problème de compétitivité", "à 100% d'un problème d'offre".